Intervention de Bernard Deflesselles

Séance en hémicycle du 27 février 2013 à 15h00
Débat sur le mali : au-delà de l'intervention militaire perspectives de reconstruction et de développement.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Deflesselles :

Comment peut-on envisager sérieusement l'organisation de ces élections lorsqu'on connaît l'histoire du Mali, ses déchirements, ses affrontements ethniques et ses tourments, et alors que les exactions commises sont toujours présentes dans les esprits ? Il faudra du temps, une volonté farouche de réconciliation nationale entre les populations du sud et celles du nord, et une attention particulière aux Touaregs, seul facteur de stabilisation pour le pays.

Le Gouvernement français souhaite le déploiement rapide d'observateurs internationaux afin de veiller au respect des droits de l'homme, et c'est bien. Le vice-président américain Joe Biden a dit soutenir cette demande, lors de son passage à Paris au début du mois de février.

Messieurs les ministres, pouvez-vous nous dire où nous en sommes ? Le conflit armé de ces derniers mois et l'instabilité politique issue du coup d'État ont incontestablement renforcé l'extrême pauvreté de ce pays. Les infrastructures – centrales électriques, pompage d'eau, écoles, hôpitaux – ont gravement souffert de l'avancée des forces islamistes dans le pays. Peu après le coup d'État, la France avait suspendu son aide au développement ; elle la reprend.

Vous étiez, monsieur le ministre chargé du développement, en déplacement au Mali il y a quelques jours. Pouvez-vous nous dire quelles décisions concrètes ont été prises ? Quels seront les axes prioritaires de notre aide ? Étant donné que la situation sécuritaire rend difficile l'action des ONG sur place, comment cette aide sera-t-elle mise en oeuvre ? La question du retour des réfugiés, enfin, est cruciale, non seulement pour le Mali, mais aussi pour les pays limitrophes.

La conférence des donateurs qui s'est réunie à la fin du mois de janvier à Addis-Abeba a essentiellement levé des fonds pour la mise en oeuvre de la MISMA, et donc pour la réorganisation à terme de l'armée malienne. Les efforts consentis sont-ils suffisants ? Le président de la Commission européenne a annoncé la semaine dernière qu'une nouvelle conférence des donateurs se réunirait à la mi-mai à Bruxelles : elle doit aider à la reconstruction du pays dans son ensemble. Que pouvons-nous en attendre ? Pouvons-nous, au moins dans ce domaine, compter sur nos partenaires européens ?

Les besoins sont immenses, d'autant que lundi, à l'ouverture d'une réunion des ministres de la Cédéao, le ministre ivoirien des affaires étrangères a indiqué que le financement des opérations militaires au Mali nécessiterait 950 millions de dollars, soit plus du double des 455 millions promis à Addis-Abeba.

Mes chers collègues, chacun le ressent pleinement, la France est confrontée à une tâche ardue : aider un pays ami, lutter contre un terrorisme aveugle et protéger ses ressortissants, dans une immense zone africaine qui s'étend bien au sud du Sahel.

Enfin, à l'unisson des Français je ne peux passer sous silence la colère, les sentiments de révolte, d'émotion et d'inquiétude qui nous habitent depuis la diffusion d'une vidéo abjecte, rappelant douloureusement l'enlèvement dramatique de sept de nos ressortissants, dont quatre jeunes enfants, au nord du Cameroun. Le groupe UMP souhaiter assurer le Gouvernement de son soutien, dans tout ce qui pourra être fait pour libérer nos ressortissants.

Toutefois, deux conditions s'imposent : la prudence et la discrétion. De grâce, sur un sujet aussi douloureux, ne nous gratifiez plus de déclarations intempestives : elles révèlent une fébrilité qui ne sied pas en de telles circonstances.

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