J'en viens maintenant aux perspectives de développement et de reconstruction. La guerre au Mali constitue le dramatique révélateur de la crise profonde entre la France et l'Afrique, entre l'Union européenne et l'Afrique. Cet échec d'une diplomatie trop longtemps inféodée aux intérêts de la Françafrique et au soutien de gouvernements corrompus ou totalitaires a eu des conséquences incalculables. C'est l'échec d'une politique de développement conçue au seul service des multinationales. Depuis les accords de Lomé de 1975, l'ouverture débridée des marchés a déstructuré l'économie et les relations sociales de ces pays. Nos entreprises ont profité des ressources naturelles sans que les populations locales puissent asseoir un véritable développement endogène. Les politiques d'ajustement structurel du FMI ont encouragé les privatisations des services publics et participé au délitement de l'État malien.
Dans le domaine de la coopération, il est urgent de réorienter véritablement notre aide publique au service du développement des pays les plus pauvres. On le sait : le sous-développement du nord-Mali a permis que les djihadistes y prospèrent depuis plusieurs années, y compris en menant des activités mafieuses. En dix ans, la France n'a apporté que 162 millions de dollars de subventions au Mali, soit 4 % de notre aide publique pour l'un des pays les plus pauvres de la planète. Cette somme est dérisoire au regard du coût de l'opération militaire en cours et de la dette que nous avons à l'égard de cette ancienne colonie.
En mars 2011, l'Union européenne lançait une ambitieuse stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel, tombée depuis aux oubliettes. Cette volonté doit être relancée au plus vite. Il est tout aussi urgent d'annuler ce qui reste de la dette malienne. Le Mali, je le répète, est l'un des pays les plus pauvres de l'humanité ; il reste très endetté vis-à-vis des banques internationales.
La légitimité du système politique malien est à rebâtir de fond en comble, sur la base d'un dialogue national sans exclusive. La France doit appuyer ce processus, sans ingérence.