Monsieur le président, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, mes chers collègues, je tiens d'abord à féliciter notre armée, nos soldats. Alors que les crédits militaires diminuent sans cesse, que les équipements sont parfois vieillissants et que les interventions extérieures se multiplient, et bien que nos troupes soient dispersées aux quatre coins du monde, l'armée française a rempli sa mission au-delà de toute attente, sans aucun soutien réel de nos alliés, lorsque le Président de la République l'a envoyée combattre au Mali.
Je tiens à rendre hommage au commandant Damien Boiteux et à l'adjudant Harold Vormezeel, qui sont tombés sur le sol malien.
Nous discutons des suites de cette intervention militaire, mais nous sommes incapables de prévoir quand se termineront les opérations, alors que nos adversaires ont clairement opté pour une tactique de guérilla et que nous sommes embourbés en Afghanistan depuis onze ans.
Pour « gagner la paix », encore faudrait-il que nous ayons un objectif clair. Quel est-il, monsieur le ministre ? Le premier problème du Mali concerne ses frontières. Comment comptez-vous répondre aux aspirations légitimes du peuple touareg, qui réclame son indépendance dans le nord ?
Le second problème du Mali est l'islamisme, contre lequel nous n'avons aucune solution concrète à ce jour.
Permettez-moi de m'interroger également sur la légitimité même de notre intervention. Nous ne sommes pas capables de juguler nos problèmes internes : chômage de masse, quasi-faillite budgétaire, décomposition de la société, situation parfois presque insurrectionnelle dans certaines banlieues, insécurité grandissante, immigration incontrôlée… Les problèmes sont multiples. Avec tout cela, avons-nous les moyens et la légitimité de faire la loi aux quatre coins du monde : Afghanistan, Libye, Mali, Syrie peut-être demain ?
Enfin, j'ai de sérieux doutes sur la cohérence de notre politique étrangère. Nous combattons aujourd'hui au Mali ceux que nous avons armés et aux côtés desquels nous avons combattu en Libye il y a à peine deux ans. Pire : nous soutenons politiquement et financièrement les mêmes islamistes et terroristes en Syrie, qui mettent ce pays à feu et à sang. Monsieur le ministre, je recherche la cohérence de votre politique. Ne pensez-vous pas que dans cette opération nous allons nous retrouver dans un nouveau bourbier, après celui de l'Afghanistan ? Je vous remercie.