Intervention de Laurent Fabius

Séance en hémicycle du 27 février 2013 à 15h00
Débat sur le mali : au-delà de l'intervention militaire perspectives de reconstruction et de développement.

Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères :

Vous posez beaucoup de questions, monsieur Bompard, et en deux minutes je n'aurai peut-être pas le temps de vous répondre sur tout, mais je voudrais souligner le caractère contradictoire d'un certain nombre de vos propos.

Vous félicitez l'armée française et vous avez tout à fait raison de le faire, tous ceux qui sont intervenus l'ont fait ; et en même temps vous mettez en question la légitimité de notre intervention.

Vous regrettez, si je vous ai bien compris, que nos voisins européens ne nous soutiennent pas suffisamment, mais j'ai cru comprendre également que vous n'étiez pas absolument enthousiaste sur la construction européenne. Vous jugez également problématique le fait que nous nous engagions à l'extérieur alors que la France connaît des difficultés.

Je voudrais ici vous reprendre sur la terminologie, qui est toujours significative. Ce serait une grave erreur de considérer que les difficultés qui existent au Mali ou ailleurs sont liées à l'islam. Les musulmans sont un peuple pacifique, et c'est la raison pour laquelle, personnellement, je n'emploie pas le mot « islamiste », que nos amis arabes ont souvent tendance à traduire par « musulman ».

Non, en l'occurrence, il s'agit de combattre des groupes narcoterroristes, qui se sont attaqués à une population musulmane, la population malienne. Il faut donc éviter de faire des amalgames, qui ne font que renforcer les problèmes. Ce n'est pas la responsabilité des musulmans qui est ici engagée mais celle de groupes narcoterroristes qu'il faut combattre partout – je pense que vous en conviendrez, monsieur Bompard. Ne faisons pas d'assimilation impropre.

Il me semble d'ailleurs que c'est le président du Mali, M. Traoré, qui nous avait dit à Addis-Abeba, lors d'une grande conférence où la moitié des chefs d'État et de gouvernement qui sont intervenus ont fini leur intervention par un « Vive la France ! », que l'islam ne devait pas servir de couverture au terrorisme.

Il ne faut donc pas pratiquer ce genre d'assimilation, sans quoi, même avec les meilleures intentions du monde, on risque d'accroître la difficulté, alors que nous cherchons à la combattre.

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