Intervention de Hervé Féron

Séance en hémicycle du 27 février 2013 à 21h30
Questions au ministre de l'éducation nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Monsieur le ministre, le budget 2013 et le projet de loi de refondation marquent un effort sans précédent en faveur de la jeunesse, de l'éducation et des professionnels de l'enseignement, pour leur formation, leurs conditions de travail, et donc la valorisation de leur métier.

Le recrutement de 43 450 enseignants en 2013 et que la création de 60 000 postes sur cinq ans, s'opposent fort justement à la politique de saignée et de dénigrement appliquée jusqu'alors. Dans cette perspective de justice et d'exigence, à laquelle s'ajoute la nécessité de renforcer l'attractivité du métier dans un contexte de forte désaffection, il me semble fondamental de revaloriser financièrement la carrière des enseignants.

Contrairement à ce que martelait le précédent gouvernement, les enseignants sont loin d'être rémunérés à la hauteur des exigences requises. Le revenu moyen d'un enseignant, qui représente 65 % de celui d'un cadre du privé ou du public, est en deçà d'un salaire moyen. En France, les professeurs du primaire en début de carrière gagnent moins que leurs voisins luxembourgeois, suisses, allemands, italiens, belges. Au classement de l'OCDE établi en fonction de ce critère de revenu, la France est le dernier pays de l'Europe de l'Ouest : elle arrive même derrière la Grèce ! La progression de carrière des enseignants français est également plus lente : trente-quatre années contre vingt-quatre en moyenne. Enfin, la France est le seul pays de l'OCDE où les salaires des enseignants ont reculé de 8 % sur les dix dernières années, alors qu'ils ont augmenté de 20 % en moyenne dans l'OCDE.

Si la contrainte de l'équilibre budgétaire interdit toute augmentation du point d'indice, certaines mesures permettraient d'endiguer ce déclassement et ce décrochage : il devrait être possible de garantir la progression de carrière statutaire en élargissant les quotas d'avancement d'échelon ainsi que les possibilités de promotion interne, de congés de formation et de mobilité, ou valoriser le montant des heures supplémentaires, dont la récente refiscalisation a particulièrement pesé sur les budgets des enseignants.

Les enseignants, piliers de l'école républicaine, méritent une politique moderne des ressources humaines si l'on ne veut pas détourner les plus capables de ce métier d'excellence. Après dix années d'austérité éducative qui ont affaibli notre école, il est grand temps pour notre pays d'investir, comme nous le faisons, à nouveau dans l'avenir.

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