Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 12 février 2013 à 11h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski, membre de la Commission des affaires étrangères :

Je vous remercie, monsieur le ministre, de venir régulièrement devant la représentation nationale pour faire le point sur la situation. Une telle disponibilité mérite d'être soulignée.

Pour autant, je m'inquiète du flou dans lequel vous semblez demeurer quant aux objectifs de l'intervention française.

Lorsque le Président de la République a déclenché l'opération Serval, il s'agissait d'arrêter une colonne de véhicules semi-blindés se dirigeant vers Bamako et d'éviter l'issue probable d'une telle offensive, à savoir la chute de la capitale.

Par la suite, les objectifs ont changé : ils consistaient à sécuriser la région de Bamako et les quelques villes situées sur la frontière entre les parties nord et sud du Mali – en particulier la zone située au sud de Tombouctou et le long du fleuve Niger, où se trouvent les principales forces économiques du pays.

Puis, nouveau changement : il fallait désormais libérer un certain nombre de villes du Nord restées aux mains des terroristes.

Enfin, vous nous dites aujourd'hui que l'objectif est la libération et la sécurisation de tout le territoire malien.

Depuis le début de l'opération, les objectifs changent donc en permanence. Je me demande si cela n'explique pas les réticences de nos partenaires occidentaux, et notamment européens, qui ne savent pas très bien jusqu'où on veut les amener.

Pendant la deuxième partie de la précédente législature, la Commission des affaires étrangères avait mené une mission d'information très poussée concernant cette zone géographique. Une de ses conclusions est que l'on ne faisait pas très bien la part entre ce qui, dans la région, relevait d'actions terroristes ou d'activités mafieuses. Le Sahel est en effet une zone de transit pour la drogue en provenance d'Amérique du Sud, et les trafics en tout genre sont intimement liés avec les activités terroristes.

La seule différence, entre aujourd'hui et il y a un an, c'est que d'après les autorités des pays de la zone, les terroristes étaient beaucoup moins nombreux il y a un an. Je me demande donc si notre action ne contribue pas à focaliser la présence des terroristes islamiques au Mali, au risque d'un enlisement.

Ainsi, autant je comprends parfaitement la décision du Président de la République de faire intervenir les forces aériennes le 10 janvier, autant je suis beaucoup plus réservé sur l'engagement de forces combattantes françaises sur le terrain. L'essentiel, aujourd'hui, est de poursuivre la lutte contre le terrorisme, et de s'assurer que l'armée malienne bénéficie d'un soutien matériel et d'une formation de la part de la France et de ses alliés européens. Mais l'engagement militaire doit être celui des pays africains eux-mêmes. Je me réjouis de voir des unités en provenance de Guinée et du Sénégal compléter les forces nigériennes et tchadiennes, mais j'aimerais savoir quelle est la nature réelle de l'engagement des forces africaines. On nous avait annoncé la venue d'un nombre important de soldats, mais nous les attendons toujours.

Personnellement, cette situation d'enlisement m'inquiète beaucoup. Je ne suis pas sûr que vous alliez pouvoir tenir le terrain, en raison de l'attirance que ce théâtre exerce pour de nombreuses forces terroristes. Je le répète, l'essentiel est d'assurer le déploiement des forces africaines alliées dans la région.

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