Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 12 février 2013 à 11h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Je demanderai à mes collaborateurs de vous fournir un résumé de toutes les déclarations faites en ce sens, y compris celles du Président de la République. Moi-même, j'ai dit à plusieurs reprises devant l'Assemblée nationale que notre intervention avait trois principaux objectifs. Le premier, mettre un terme à l'offensive terroriste, est achevé ; le deuxième, rendre au Mali son intégrité territoriale, est en cours de réalisation, de même que le troisième, faire en sorte que les décisions des Nations unies soient mises en oeuvre et respectées dans un État de droit retrouvé.

Ces objectifs n'ont pas varié d'un iota, même si leur accomplissement prend du temps. Honnêtement, monsieur Poniatowski, comment peut-on parler d'enlisement seulement un mois après le début de l'opération, alors que toutes les capitales reconnaissent l'efficacité, la rapidité et la réactivité de nos forces, et que je vous informe chaque semaine d'une progression sur le terrain ? Soit vous ne connaissez pas bien le sujet, soit vous faites de la polémique, ce qui serait tout de même dommage.

Autre point de désaccord total : les forces terroristes ne sont pas de plus en plus nombreuses au Mali. C'est même le contraire, et c'est justement ce qui nous préoccupe. Il y en a de moins en moins : nous en avons neutralisé certains, d'autres se sont dispersés, et d'autres encore se sont réfugiés ailleurs, ce qui inquiète les autorités algériennes, nigériennes et libyennes. Le premier ministre libyen doit d'ailleurs s'en entretenir demain avec le Président de la République.

En revanche, je suis d'accord avec vous sur le lien entre le terrorisme et la mafia, que vous aviez déjà constaté et qui ne fait que se confirmer. Si AQMI représente une véritable « internationale jihadiste », ce qui en fait le groupe le plus dangereux, les militants du MUJAO s'apparentent davantage à des bandits de grand chemin qui tentent de couvrir leurs activités du manteau de la foi. Heureusement, à Gao, nous pouvons les repérer grâce à la bonne collaboration de la population.

S'agissant de la Misma, je répète qu'il y a désormais plus de soldats africains sur le terrain que de soldats français. Sur les 7 000 participants annoncés, près de 4 300 sont déjà sur place. Il convient d'y ajouter les 3 000 soldats maliens que nous allons former. Mais il est vrai que la coordination et la structuration des forces africaines constituent un des points de fragilité de l'opération.

Les objectifs de la France n'ont pas changé, mais ils n'ont pas tous été atteints. Il suffit de regarder la carte et la progression de nos forces pour comprendre ce qui va se passer dans les prochains jours.

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