Alors que la commission Mobilité 21 mise en place en octobre dernier rendra prochainement ses conclusions, le groupe UDI a demandé que la représentation nationale puisse débattre et vous rappeler, monsieur le ministre, la nécessité de mettre en oeuvre une véritable ambition pour l'aménagement du territoire dans notre pays.
Le schéma national des infrastructures de transport, issu de la loi du 3 août 2009 et qui doit fixer les orientations de l'État pour les vingt ou trente prochaines années, en matière de développement, de modernisation et d'entretien des réseaux d'infrastructure, mais aussi en réduire les impacts sur l'environnement, est l'outil idéal pour y parvenir.
Dans son excellente intervention, mon collègue Stéphane Demilly a réaffirmé notre attachement à ces grands projets qui ont contribué à la grandeur de la France. Vous savez, monsieur le ministre, combien ces opérations sont nécessaires pour l'attractivité de notre pays et pour la compétitivité de notre économie.
Malheureusement, avant même de disposer des conclusions de la commission, nous savons que le Gouvernement renoncera à plusieurs grands projets en raison des contraintes budgétaires, mais peut-être aussi par manque d'ambition.
C'est pourquoi je souhaite, en tant qu'élu d'un territoire rural, vous interpeller plus particulièrement sur une constante qui ne saurait être sacrifiée, parce qu'elle est fondamentale pour l'équilibre de notre pays : l'amélioration des performances du système de transport dans la desserte du territoire – j'entends de tous les territoires, au profit de tous les Français.
C'est bien de l'avenir de notre société qu'il est question, car le mode de déplacement permet de garantir l'accès à la vie sociale, à l'école, à l'université, à l'hôpital et, bien évidemment, à l'emploi.
Le maintien d'une desserte de qualité est un enjeu prioritaire pour les territoires ruraux, compte tenu de ses multiples répercussions sur leur vitalité et sur leur dynamisme.
L'enjeu porte d'abord sur leur desserte grâce à des liaisons ferroviaires de qualité ainsi que sur l'amélioration de certaines liaisons routières, dans un objectif notamment de désenclavement et de développement. En effet, les transports collectifs n'offrent pas toujours des dessertes, des horaires ou des trajets adaptés à la diversité des modes de vie et de travail en zone rurale. Or, je le répète, l'offre de transports est déterminante pour l'attractivité de ces zones ; mais elle doit aussi tenir compte des nouvelles priorités de respect de l'environnement et d'économie des ressources énergétiques.
Tel est le constat que je fais quotidiennement dans un département que vous connaissez bien, celui de la Mayenne.
Certes, celui-ci est desservi par le TGV jusqu'à Laval et il le sera à l'horizon 2017 par la LGV, mais la question des infrastructures routières se pose pour le reste du département. Même si le Conseil général de la Mayenne fait de grands efforts dans ce domaine, pour les routes dont il a la charge, l'État a lui aussi un rôle fondamental à jouer dans l'amélioration et la modernisation de son réseau routier, plus particulièrement pour la RN 162 et la RN 12 qui traversent mon département et ma circonscription, du nord au sud et de l'est à l'ouest.
Un lien fort existe entre infrastructures, dessertes de transports – autoroutes, trains ou routes – et attractivité économique car le développement économique tient autant aux infrastructures de transport qu'aux ressources naturelles, à la qualité de la main-d'oeuvre et à l'intelligence des habitants.
Nous pourrons toujours faire les plus grands efforts pour lutter contre la désertification médicale, pour soutenir nos artisans, nos commerçants, nos PME ou nos agriculteurs ; nous pourrons mener toutes les batailles que nous voulons pour maintenir nos services de proximité ; nous pourrons dépenser tout l'argent possible pour contribuer à l'aménagement numérique de nos territoires ; tout cela sera un gigantesque coup d'épée dans l'eau si, dans nos territoires ruraux, nous ne disposons pas d'un réseau routier amélioré, modernisé et sécurisé.
C'est pourquoi vous connaissez mon attachement quasi viscéral, monsieur le ministre, à l'amélioration du tronçon de la RN 12 qui relie Alençon à Fougères et qui fait actuellement l'objet de la part de l'État d'une étude de modernisation et de sécurisation.
Je m'étais étonné, lors de la précédente législature, que la RN 12 ne figure pas dans le schéma national des infrastructures de transport et je l'avais fait savoir à votre prédécesseur, qui s'était engagé en faveur d'une mise à 2x2 voies à terme et de la réalisation, en priorité, des contournements de Saint-Denis-sur-Sarthon, dans l'Orne, et d'Ernée, en Mayenne, avec leur inscription au prochain PDMI 2015-2020.
Avec le député de Fougères, Thierry Benoit, nous avons déjà eu l'occasion de vous interpeller à ce sujet. Nous avions d'ailleurs apprécié votre réponse à la question que je vous avais posée, à l'occasion de la séance des questions orales sans débat, le 29 janvier dernier, tout en restant extrêmement vigilants vis-à-vis de l'évolution de ce projet et de vos décisions finales.
Cela étant, vous comprendrez que je souhaite mettre ce débat à profit pour insister sur ce dossier qui me tient à coeur, comme à l'ensemble des acteurs locaux du Nord-Mayenne.
Ce sujet est de fait révélateur de l'impérieuse nécessité qui existe et de votre responsabilité de ne pas laisser pour compte les territoires ruraux, afin que ces derniers ne deviennent pas le maillon faible de votre politique d'amélioration et de sécurisation de nos infrastructures, en particulier routières. Nous devons tout faire pour éviter de provoquer une véritable fracture territoriale !
Dans un souci d'équité, vous devez veiller à garantir l'égal accès à la mobilité, en menant une politique volontariste d'aménagement équilibré, pour assurer le désenclavement et le maillage du territoire national dans son ensemble.
Aujourd'hui, malheureusement, monsieur le ministre, mon inquiétude est vive, car comme soeur Anne, je ne vois toujours rien venir. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.)