Intervention de Jean-Paul Chanteguet

Séance en hémicycle du 28 février 2013 à 15h00
Débat sur l'avenir des projets d'infrastructures de transport

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Chanteguet :

C'est pourquoi je souhaite remercier le groupe UDI qui a proposé cet ordre du jour et vous remercier également, monsieur le ministre, de présenter aujourd'hui les réflexions du Gouvernement dans ce domaine.

On m'objectera que la commission Mobilité 21 est précisément en charge de la révision du SNIT et que nous aurions dû attendre ses conclusions. Mais rien ne nous empêche de poser, avant la fin de ses travaux, quelques principes relatifs à l'avenir des infrastructures de transport et de dessiner les contours, voire les limites, des révisions auxquelles nous serons conduits. Les contraintes financières globales sont telles, en effet, qu'il faudra s'imposer des choix rigoureux et reconsidérer bien des décisions.

Deux principes paraissent devoir guider nos réflexions ou nos remises en question : la cohérence et la symbolique.

S'agissant de la cohérence, je serai bref tant elle est évidente. Certains tronçons routiers ou ferroviaires doivent être achevés car c'est le dernier kilomètre qui assure à tout projet sa cohérence d'ensemble. Un dernier point non résolu, une ultime mise à quatre voies sur quelques kilomètres, un dernier barreau manquant sur une LGV ou un axe non réhabilité, et voilà l'ensemble du projet qui perd de sa force et de son utilité.

Quant à la symbolique, il suffira d'un exemple tiré du transport fluvial : celui d'un nouveau canal à grand gabarit unissant le réseau francilien à celui du nord de la France, donc de l'Europe.

Je laisserai aux spécialistes, nombreux à la commission du développement durable, le soin de rappeler l'historique d'un projet qui remonte à plus de trente ans et je regretterai avec eux ce qu'on pourrait appeler les stop and go des analyses et des évaluations.

J'appellerai simplement l'attention de notre assemblée sur quelques réflexions qui me semblent fondamentales.

Bien loin d'être dépassé et un signe archaïque de l'effort gigantesque que la France a mené à l'époque de la révolution industrielle, le réseau fluvial, nous le savons, apportera une contribution décisive à la durabilité de nos transports et à la réduction de leur empreinte carbone. Le transfert modal de la route vers le fer a échoué malgré tous les efforts accomplis : a-t-on réellement tenté le report modal de la route vers le fluvial ? A-t-on véritablement étudié l'impact positif qu'aurait un tel projet sur les politiques de lutte contre le réchauffement climatique ?

Un canal tel que Seine-Nord-Europe n'est pas une infrastructure que nous rentabiliserons en trente ans comme des calculs financiers voudraient nous le faire croire. Ce serait faire rire Freycinet, concepteur d'un schéma qui perdure malgré les ans. Une telle infrastructure a un avenir séculaire et, avec elle, nous travaillerons pour les générations futures. Le canal Seine-Nord-Europe constitue à l'évidence le seul projet d'envergure de notre pays dans le domaine fluvial. Y renoncer maintenant, ce serait renoncer définitivement à toute ambition dans ce domaine et considérer que la voie d'eau n'est pas une infrastructure d'avenir, ce serait aussi nier tous les efforts déjà accomplis, les études réalisées, les engagements financiers des collectivités locales et de l'Europe – même si tout n'est pas parfait, vous l'avez rappelé à plusieurs reprises, monsieur le ministre, et j'en suis moi aussi bien convaincu. Y renoncer maintenant, ce serait se priver d'un projet certes coûteux mais capable de générer pendant une très longue période des milliers d'emplois : 10 000 emplois par an pendant cinq ans pour sa construction et 3 000 emplois permanents liés à sa mise en exploitation, auxquels il faut ajouter le considérable potentiel de développement local que représentent ses quatre plates-formes multimodales et la revitalisation de nos propres ports maritimes et fluviaux par rapport à ceux du Benelux.

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au travers des deux principes que je viens d'évoquer, celui de cohérence et celui de la symbolique, je souhaitais éclairer différemment le débat de ce jour sur l'avenir de nos infrastructures de transport, donc l'inévitable révision de leur schéma national. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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