Ainsi, il y a quelques décennies, le train régional était jugé ringard, se promener en vélo était totalement dépassé, les avions turbopropulseurs étaient vus comme des vestiges du passé. Et puis aujourd'hui on s'aperçoit qu'au titre des déplacements doux, le vélo a droit de cité en ville, que les trains express régionaux sont très importants pour assurer la mobilité dans nos régions, que le succès de l'ATR montre l'importance des avions turbopropulseurs, de surcroît moins gourmands en kérosène. Une vision écologiste trop intégriste des problématiques de transport doit donc nous interpeller.
Je ne relèverai pas certains propos entendus à cette tribune, mais montrer du doigt et énoncer des généralités par rapport aux problématiques de l'autoroute et du transport routier est dangereux pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'il s'agit du moyen de transport quotidien de la majorité des Français. Ensuite, parce que, dans bien des territoires, il n'y a pas d'alternative à la route en matière de déplacement, faute d'infrastructures collectives de transport, notamment dans les territoires ruraux et de montagne. Enfin, parce qu'il faut tenir compte de l'évolution de l'impact écologique des modes de transport : une voiture consomme beaucoup moins d'essence qu'il y a quelques années et l'on voit se développer des véhicules propres – hybrides, électriques et autres.
Dire qu'on ne doit pas investir dans les infrastructures de transport routier va à l'encontre des logiques d'aménagement du territoire. On ne peut en effet pas considérer que notre pays est en la matière dans une situation homogène. Monsieur le ministre, votre ami politique Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, parle souvent de « l'exception midi-pyrénéenne » : cette région est grande comme la Belgique, mais très en retard dans ce domaine, notamment pour les infrastructures de transport routières ou autoroutières. J'ai bien entendu vos propos et j'espère que parmi les projets déjà engagés depuis longtemps, l'A68, qui doit relier Toulouse à Lyon en contournant Albi, fera partie des projets prioritaires que vous souhaitez mettre en oeuvre prochainement.
Par ailleurs, vous comprendrez que je vous parle de l'autoroute Castres-Toulouse, projet vital pour ce bassin d'emploi. L'agglomération Castres-Mazamet est la seule agglomération de 100 000 habitants en France à ne disposer ni de gare TGV, ni d'aéroport international, ni d'autoroute. Cette exception mérite d'être corrigée. Il en va de l'avenir d'un bassin d'emploi qui souffre, qui est dans une situation économique particulièrement dramatique. Nous avons besoin de l'autoroute Castres-Toulouse pour lui donner une perspective.
Vos services ont estimé le coût du projet à un peu plus de 400 millions d'euros, avec une subvention d'équilibre de quelque 140 millions. Par conséquent, ce qui va être demandé à l'État, soit 50 % de cette subvention d'équilibre, représente 70 millions d'euros. Je rappelle que vous avez indiqué que 88 milliards d'euros sont à la charge de l'État au titre des infrastructures de transport : ce projet autoroutier représenterait ainsi 0,1 % du total des besoins de financement de l'État.
Pour ce bassin d'emploi, il est vital, fondamental, de pouvoir être relié aux grands axes européens de communication. Par conséquent, au-delà des propositions de la commission de réévaluation du Schéma national des infrastructures de transport, la décision prise in fine sera une décision politique de vous-même, du Gouvernement. Dès lors j'espère très fortement, monsieur le ministre, que vous saurez entendre le cri de l'ensemble des acteurs de ce bassin d'emploi. En effet, toutes les forces vives du sud du Tarn, qu'il s'agisse des chambres consulaires, des centrales syndicales ou de quasiment tous les élus, vont dans le même sens, tout simplement parce que c'est un projet vital.