Députée d'une circonscription à la fois rurale et périurbaine et membre de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, je souhaite souligner le rôle fondamental que le transport ferroviaire joue en faveur tant de la réduction de la fracture territoriale que de la transition écologique.
En effet, une réflexion sur l'avenir des infrastructures de transport doit être l'occasion de s'interroger sur l'aménagement territorial de notre réseau ferroviaire. Il est de notre devoir de répondre aux besoins urgents des usagers, en particulier d'améliorer leur transport au quotidien, précisément pour les déplacements entre le domicile et le travail.
Je pense notamment aux trains d'équilibre du territoire, véritables outils d'aménagement du territoire, qui souffrent aujourd'hui d'un déficit d'exploitation. Entre vétusté du matériel et diminution des recettes, ces trains ont besoin de véritables investissements et pas seulement d'accompagnement. Il semble en outre nécessaire de poursuivre la réflexion autour de leur rôle dans le réseau par rapport aux TGV et aux TER. Nous devons nous interroger sur la manière d'articuler l'offre de services de ces trois types de liaisons ferroviaires. Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a affirmé que les trains du quotidien seraient l'une de ses priorités.
Réfléchir à l'aménagement territorial par le prisme des infrastructures ferroviaires pose aussi la question de la place des collectivités territoriales et de l'État. Le futur projet de loi relatif à la décentralisation sera une étape importante et devra déterminer les échelons les plus pertinents pour définir notre politique ferroviaire, en précisant qui fait quoi et avec quels moyens.
La transition écologique, véritable priorité d'avenir, prendra tout son sens lorsque l'ensemble des leviers visant à sa réussite seront actionnés. En effet, les habitants des zones périurbaines privilégient bien souvent l'utilisation de leur véhicule personnel plutôt que les transports collectifs pour se rendre au travail ou accéder à des services publics. Aussi, je crois important de leur proposer des alternatives viables en termes de temps de trajet et de prix, afin de réduire l'utilisation de la voiture et, par voie de conséquence, les émissions de gaz à effet de serre.
Je salue la création de la commission Mobilité 21 et la méthodologie retenue. Cette commission a fixé différents critères pour hiérarchiser et programmer les futurs projets d'infrastructures, parmi lesquels la réduction de la fracture territoriale, l'optimisation de la mobilité de proximité et la contribution à la transition énergétique.
Le Gouvernement a mis l'accent sur le développement du transport multimodal auquel je suis très attachée. Il permet notamment de faciliter la mobilité entre les territoires périurbains et urbains. De nombreux acteurs publics ont, à ce titre, lancé de nouveaux systèmes de transports en commun, comme le tram-train : il s'agit de connecter un réseau existant de chemin de fer régional à celui d'un tramway pour offrir aux passagers des liaisons directes de transport entre le centre-ville et la périphérie. Ce système a été réalisé avec succès dans la région des Pays de la Loire avec la mise en service, en juin 2011, de la ligne Nantes-Clisson, qui apporte une réponse aux besoins des citoyens vivant dans les zones périurbaines de Nantes, voire rurales, et connaît un très vif succès.
L'aménagement d'une gare intercommunale est une bonne illustration du rôle structurant des gares pour un territoire. Cet aménagement a pour but de moderniser les infrastructures existantes et de faciliter le passage de la voiture au train, notamment par l'installation de parkings ou d'aires de covoiturage mais aussi de services pour les usagers. Ainsi, une structure multi-accueil pour les jeunes enfants va être aménagée par l'intercommunalité, le département et la région pour permettre aux parents utilisateurs du train de réduire leurs déplacements quotidiens. En vous faisant part de cette initiative locale, je souhaite convaincre de la nécessité de multiplier de tels investissements.
Le développement des transports de marchandises doit également être repensé avec pertinence, notamment au travers de la valorisation du ferroutage. La question se pose de l'évolution ou de la généralisation de ce moyen de transport dit « combiné accompagné », dont l'origine coïncide avec l'émergence des alternatives environnementales pour lutter contre les rejets massifs de gaz à effet de serre par les transports routiers de marchandises. Compte tenu des exigences environnementales actuelles et des problématiques d'infrastructure et de compétitivité, je m'interroge sur la place qu'occuperont les transports combinés dans les années à venir.
L'avenir des infrastructures de transport ferroviaire dépendra en partie des conclusions de la commission Mobilité 21. Je sais que son travail est complexe au vu des enjeux et du bilan laissé par l'ancienne majorité : un schéma national des infrastructures de transport sans priorités définies pour les projets et sans les financements nécessaires. Mais cela a déjà été rappelé et nous devons maintenant regarder devant nous.
Je souhaite que la commission prenne pleinement en compte les problématiques que j'ai évoquées : réduction de la fracture territoriale, transition écologique et promotion de l'intermodalité. C'est de cette manière que nous pourrons envisager concrètement un nouveau système de transport plus durable et plus utile à nos concitoyens.
Je veux, pour terminer, évoquer une autre question d'envergure pour le transport ferroviaire : l'ouverture à la concurrence en 2019. Je tiens à souligner l'une des inquiétudes qu'elle suscite, qui porte sur la sécurité des voyageurs. Je souhaite donc dire mon attachement à l'instauration de règles de sécurité intangibles, afin que la protection des usagers soit une priorité, comme c'est le cas aujourd'hui dans notre pays, qui offre un service ferroviaire d'une grande sécurité.