Intervention de Sylvie Tolmont

Séance en hémicycle du 12 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Tolmont :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, chers collègues, s'il y a bien un domaine dans lequel le bilan du précédent gouvernement est accablant, dans lequel les promesses n'ont pas été tenues, dans lequel les convictions et les valeurs se sont délitées un peu plus chaque jour et envers lequel la société tout entière est en perte de confiance, c'est l'éducation.

Alors même que la qualité de l'encadrement de nos enfants à l'école est une condition indispensable à la construction d'une génération épanouie pour conduire notre pays vers la prospérité, mesdames et messieurs de l'opposition – madame, devrais-je plutôt dire pour le moment… –, vous avez supprimé des postes dans l'enseignement par dizaines de milliers : 66 000 suppressions en cinq ans, dont 16 000 à la seule rentrée 2011. Vous avez fermé 1 500 classes, oubliant la dimension humaine nécessaire à l'accompagnement de nos enfants, démotivant un corps professionnel courageux.

Alors même que nous devons, dès le plus jeune âge, et par le biais de l'éducation, envoyer des messages forts d'égalité, de solidarité, de soutien et d'encouragement à nos jeunes, pour que s'installe un vrai climat de confiance et d'entraide entre les générations, vous avez exacerbé les différences entre nos élèves. Vous avez creusé les inégalités entre les enfants les plus adaptés au système scolaire et les décrocheurs. Vous avez supprimé 1 500 postes d'enseignants spécialisés dans le soutien aux élèves en difficulté. Vous avez réduit les moyens alloués aux établissements les plus exposés à l'échec scolaire. C'est le principe d'égalité des chances que vous avez atteint ici.

Alors même que le rôle de l'école de la République est de croire en ses enseignants, de les considérer comme les piliers de notre système éducatif et de reconnaître la portée de leur engagement, vous avez détruit la formation des maîtres en envoyant les enseignants débutants face à leur classe, à temps complet et sans avoir reçu de formation pratique, décourageant ainsi tout un vivier de jeunes enseignants motivés.

Alors même que la mixité sociale et la rencontre des cultures dans nos écoles sont des sources précieuses de richesse et de cohésion, stimulant un réel apprentissage du vivre ensemble, vous avez renforcé la ségrégation sociale en malmenant la carte scolaire, pourtant seule garante de la mixité sociale, de la diversité culturelle et de la laïcité. Vous avez accentué la fracture entre les établissements des quartiers déjà les plus favorisés et ceux situés dans les zones d'éducation prioritaires, cristallisant ainsi toutes les inégalités sociales au sein de l'école de la République.

Le constat est particulièrement préoccupant au moment de forger l'avenir de notre système éducatif, qu'il nous faut rebâtir sur des fondations solides et durables.

François Hollande et le gouvernement actuel ont entendu ces alertes ; mieux, ils les ont écoutées.

Dans cette prise de conscience, monsieur le ministre, vous avez engagé la France vers un grand dessein. Nous vous en félicitons et nous sommes fiers de nous inscrire dans la concrétisation de ce vaste projet.

Votre réforme de refondation de l'école de la République porte la réhabilitation des valeurs d'égalité des chances, de laïcité, de justice sociale, si chères à notre école. Elle réaffirme les principes de solidarité entre tous nos jeunes, d'espoir et de confiance en l'avenir dont nous avons tant besoin.

Elle affronte les problèmes à leur source en offrant des conditions d'enseignement de qualité, garanties par une vraie formation pratique et théorique délivrée aux futurs enseignants, dans le cadre des écoles supérieures du professorat et de l'éducation.

Elle replace les élèves au coeur de toutes les priorités, en tenant compte de leurs spécificités, par le renforcement des mesures d'accompagnement des élèves en grande difficulté ou en situation de handicap.

Elle est un pari pour l'avenir, en portant toute l'attention à la petite enfance et au primaire, pour consolider les premiers acquis et préparer les jeunes à la poursuite de leur scolarisation.

Elle pense à mieux articuler la sortie du primaire et l'entrée au collège, pour accompagner nos élèves dans le franchissement de ces étapes.

Elle réaffirme le principe du collège unique pour garantir l'acquisition d'un certain nombre de connaissances et de compétences indispensables avant l'orientation vers des voies spécifiques, pour ne pas enfermer de manière trop précoce des élèves dans des filières le plus souvent non choisies.

Elle mène à la reprise d'un dialogue, qui s'est éteint ces dernières années, entre l'école et ses partenaires, à commencer par le rétablissement du lien et de la confiance entre le monde éducatif, les élèves et leurs familles.

Animés par votre conviction, monsieur le ministre, nous défendrons la hauteur et l'importance de cette loi. Nous en serons les ambassadeurs et nous gagnerons l'adhésion des équipes éducatives, des élèves et de leurs familles.

En écho aux mots de Jules Ferry au sujet de notre idéal éducatif, nous poursuivrons l'objectif de « donner à chacun sa chance non pas en servant à chacun la même soupe amère au nom d'une égalité mal comprise mais en permettant à chacun d'accéder à l'éducation adaptée à sa demande ». Au nom de cet engagement qui n'a pas pris une ride, nous porterons cette réforme et nous la réussirons. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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