La tradition républicaine qui est la nôtre place l'école au coeur du débat politique. « Il n'y a nul espoir d'égalité et de liberté sans la fondation d'une éducation commune et nationale », écrivait Jules Michelet. C'est dire le défi que constitue la loi de refondation pour l'école dont nous débattons aujourd'hui, gageure d'autant plus incontournable et difficile qu'il fallait répondre à la crise morale de l'enseignement et à la mise à mal de ce dernier ces dernières années.
Pour cette raison, le projet de loi pour la refondation de l'école ne se limite pas à la nécessaire reconstruction du système éducatif et de la formation enseignante, par la création des ESPE et de 60 000 postes ; il constitue en profondeur une véritable refondation. Il impulse une dynamique à la fois résolue et radicale, mais aussi parfaitement crédible et cohérente, à la hauteur de notre grand projet pour l'école et la jeunesse, replacée fort justement, depuis le début du quinquennat, au centre de notre société.
Résolu, global et cohérent, le projet de refondation pour l'école renouvelle profondément la réflexion sur l'aggravation continue des inégalités scolaires, écho des inégalités croissantes dans le pays. Il programme enfin la mise en oeuvre courageuse et inédite de dispositions de principe restées jusqu'ici lettre morte, vieux serpents de mer de l'éducation nationale, toujours invoquées mais jamais appliquées.
Dans le primaire, il s'agit de la réforme des rythmes scolaires, de l'atténuation de la rupture école-collège et du renforcement de la scolarisation à deux ans. Dans le secondaire, le projet de loi tire les leçons de l'expérience et institue des mécanismes permettant de redéfinir le socle commun, l'évaluation au brevet des collèges ainsi que le niveau de diplôme minimal obligatoire pour toute sortie du système éducatif. Au lycée, le projet apporte les correctifs nécessaires à la réforme précédente en repensant le service public d'orientation, en rééquilibrant les filières générales et en revalorisant les filières technologiques et professionnelles, pour en finir avec la ségrégation par le diplôme à vocation générale.
Résolu, crucial et radical, le projet de refondation replace l'école au coeur de la transmission des valeurs de la République, réaffirmant au premier chef celles de solidarité et de laïcité. Rompant avec les logiques d'une société dogmatique et patrimoniale d'héritiers, il instaure au sein du socle commun la notion fondamentalement émancipatrice de culture, institue un parcours d'éducation artistique et culturelle, ainsi qu'un enseignement moral et civique visant à former des citoyens libres, responsables et critiques, tant il est vrai que jamais le curé ne remplacera le professeur dans la transmission des valeurs. Il recentre l'école républicaine sur ses valeurs, la raffermit sur ses bases et dans ses héritages.
Enfin, il ne réinstaure pas l'école de la Troisième République, même s'il réaffirme ses valeurs, mais l'oriente résolument vers l'avenir en surmontant les antagonismes et blocages traditionnels. Il dépasse le clivage mortifère instruction-éducation-insertion en affirmant clairement la vocation de l'école à préparer au monde du travail, sans laquelle les plus fragiles se détournent de l'école. Parcours de découverte professionnelle pour tous, carte des formations professionnelles, droit à la formation continue pour les décrocheurs, éducation au numérique pour l'insertion de tous dans la société de la connaissance sont autant de jalons qui marquent ce tournant.
D'ailleurs, Mme Kosciusko-Morizet se trompe : c'est bien mal connaître le terrain que d'affirmer qu'avec les moyens techniques il faut penser à la formation. La formation existe déjà ! Dans ma commune, où toutes les écoles élémentaires sont des écoles numériques avec des tableaux interactifs et des ordinateurs en réseau,…