Le 1er février dernier, 200 classes de primaire n'avaient pas d'enseignant devant elles. C'est cela, être les mieux dotés de France ? Une telle situation est proprement insupportable pour l'école de la République.
La loi de refondation de l'école a pour ambition de réduire les inégalités, d'améliorer la réussite scolaire, de diviser par deux le nombre de jeunes sortis sans diplôme du système scolaire.
Cette loi va d'abord permettre de réparer ce qui a été démantelé par la précédente majorité. La remise en place de la formation initiale des enseignants et le recrutement de 60 000 personnes sont, à ce titre, essentiels. Ils vont permettre d'améliorer significativement les conditions d'encadrement des élèves, qui se sont fortement dégradées au cours de ces dernières années.
Cette loi surtout prépare l'avenir. Les orientations et les mesures qu'elle définit vont permettre de construire une école plus égalitaire, plus épanouissante et plus performante pour tous. De la réforme des rythmes scolaires à la transition entre l'école et le collège en passant par la mise en place de nouveaux enseignements, cette loi replace l'élève au coeur du système scolaire.
Je vais m'attarder un instant sur la question de l'éducation prioritaire. L'année dernière, la Cour des Comptes démontrait qu'un élève d'un établissement scolaire classé en éducation prioritaire coûtait moins cher à l'État qu'un élève d'un autre établissement. Le principe de l'éducation prioritaire – donner plus à ceux qui ont le plus de besoins – n'est donc pas appliqué. Au contraire, aujourd'hui, on donne moins à ceux qui ont moins.
La programmation des moyens prévue par la loi de refondation de l'école va permettre le nécessaire rééquilibrage des moyens vers les territoires qui ont été laissés pour compte ces dernières années.
Les moyens affectés à l'école primaire, avec le retour à la scolarisation des enfants de moins de trois ans et le dispositif « plus de maîtres que de classes », iront prioritairement aux territoires les plus en difficulté.
Au-delà de la question des moyens, c'est l'organisation même de l'éducation prioritaire qu'il nous faudra revoir. Les problèmes auxquels sont confrontés les établissements concernés sont multiples. Ils subissent une stigmatisation qui fait fuir les familles les plus au fait du fonctionnement du système scolaire. La réforme de la carte scolaire décidée par le précédent gouvernement a accentué cette tendance. Elle renforce les logiques de ségrégation entre les établissements.
Cette stigmatisation ne touche pas que les familles : elle fait aussi fuir les enseignants. Le turn over trop élevé des équipes éducatives empêche la pérennisation de projets pédagogiques innovants et efficaces pour la réussite des élèves. En ce sens, la prime attribuée aux enseignants dans ces établissements n'est pas suffisante au regard de la difficulté de leurs conditions de travail.
Une future réforme de l'éducation prioritaire est évoquée dans le projet de loi. Elle est nécessaire. Nous allons devoir la construire ensemble. Elle devra prendre en compte l'ensemble des problèmes auxquels sont confrontés les élèves issus des territoires en difficulté.
Concernant le zonage et l'attribution des moyens, il faudra réussir à mettre fin à la stigmatisation générée par la labellisation tout en garantissant les moyens propres à faire réussir tous les élèves.
Il faudra éviter une organisation figée et au contraire favoriser une prise en compte des besoins réels de chaque établissement, ainsi que de leur évolution année après année.
Pour éviter le turn over important des équipes pédagogiques, il faudra réfléchir à des mesures ambitieuses, de la formation à la rémunération en passant par l'évolution des carrières. Tous les aspects devront être abordés.
Quant à la formation, il est important qu'un jeune enseignant dont la première affectation se fait en zone prioritaire bénéficie d'une formation spécifique, qui lui permette à la fois d'être rassuré et de préparer son arrivée dans les meilleures conditions.
Sur le plan pédagogique, les établissements en zone prioritaire doivent avoir tous les moyens pour mettre en place de nombreuses innovations pédagogiques. Elles permettront une plus grande transversalité et favoriseront l'épanouissement des élèves à l'école et une meilleure prise en charge du décrochage et des grandes difficultés scolaires.
La loi de refondation de l'école pose les bases d'un système scolaire juste et efficace. Nous avons la charge de réussir sa mise en place et de continuer à travailler dans le même sens pour faire de l'école le lieu de l'émancipation et de la réussite de tous les enfants de la République.
Albert Camus disait que la vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent. Avec ce projet de loi, c'est l'avenir de notre pays que nous allons inventer ici et maintenant. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et GDR.)