Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 13 mars 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Article 1er et rapport annexé, amendements 456 520 551 892 1125

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

C'est là un vrai débat et je sais bien que les positions que vous soutenez ne sont pas du tout individualistes, au sens négatif que pourrait avoir ce terme. Vous avez voulu parler de « personnalisme ». Mais même l'individualisme républicain, qui est notre doctrine commune, est une bonne chose : l'individu au-dessus de la raison d'État.

J'irai tout de même un peu plus loin que mon ami Yves Durand. Le « tous » englobe le « chacun » ; il n'y a pas de difficulté sur ce point, pas plus d'ailleurs que sur la pédagogie différenciée, qui est l'essence même de l'enseignement : nous nous adressons chaque fois à un individu différent, et nous devons avoir cette qualité dans le rapport.

Mais ce qui fait – et je le dis en regardant L'École d'Athènes – la possibilité que l'individualité soit libre, c'est précisément l'éducation dont elle a besoin. Dans cette éducation – où nous ne sommes pas seulement un élément de nature –, nous allons libérer notre individualité par l'apprentissage d'un certain nombre de règles communes : c'est le cas pour l'art, pour l'orthographe, que vous avez évoquée tout à l'heure, sans doute aussi pour la morale, et même pour la loi, qui part de tous et s'applique à tous. La loi ne va pas de chacun à chacun, mais de tous à tous.

Lors des vingt dernières années, on a eu l'impression que le maître mot était devenu « gentillesse » : il fallait s'adapter à chacun, faire du sur-mesure. J'ai parlé tout à l'heure de crise d'autorité. En fait, comme le dit souvent Marcel Gauchet – et plusieurs d'entre vous le disent également –, nous devons accepter que, pour nourrir l'individualisme – ou le personnalisme, si vous préférez – au sens le plus noble du terme, il y ait des biens communs, des règles communes, qu'il appartient à l'école de transmettre.

C'est aussi pour cela que je tiens à la refondation républicaine. La République, ce n'est pas la chose de chacun, ce n'est pas chacun sa République, c'est la chose de tous, en commun.

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