Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 14 mars 2013 à 9h30
Refondation de l'école de la république — Article 1er et rapport annexé, amendements 458 554

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

Ce n'est pas la volonté de mettre en concurrence les universités les unes avec les autres qui préside à la création des ESPE. On l'a déjà été trop fait. L'idée est de suivre une logique de coopération et d'intégration, de créer des écoles qui s'inscrivent pleinement dans le cadre des universités – les UFR y joueront notamment un rôle et le budget des écoles sera intégré à celui des universités –, tout en assurant une formation professionnalisante des enseignants. La France n'a, jusqu'à maintenant, pas été capable de le faire, et j'ai toujours pensé que ce serait extrêmement difficile, l'héritage étant ce qu'il est.

Vous avez vous-mêmes exprimé, dans le fil de la discussion parlementaire, le souhait d'une implication forte des enseignants qui exercent déjà, sur le terrain, dans la formation des enseignants. Nous avons bien vu ces dernières années – vous avez fait assez de reproches aux IUFM – qu'il n'est pas toujours simple de croiser les cultures et de parvenir à un équilibre entre l'excellence disciplinaire, qui, avec un recrutement, tout de même, de niveau master 1 ou master 2, sera toujours garantie par l'université, et l'implication dans de telles écoles de ceux que l'on peut appeler les praticiens. Je remercie d'ailleurs la communauté universitaire, qui fut quelque peu traumatisée, et qui s'est rapidement mobilisée, car elle sait que nous devrons quand même accueillir 40 000 jeunes à la rentrée.

Ces écoles supérieures sont en train de se construire, avec l'implication des recteurs mais aussi en associant les présidents d'université dans une logique extrêmement coopérative. Certes, il y a deux ou trois problèmes, liés à des concurrences entre universités qui préexistaient à ce projet. Cela ne simplifie pas la mise en place des écoles supérieures, mais, dans l'ensemble, les choses se passent très bien, dans la coopération.

Vous demandez si cette formation ne méritera pas d'être améliorée au fil du temps. Hier, l'un d'entre vous n'avait de cesse que nous ajoutions l'adverbe « parfaitement » au rapport. Mais la culture humaniste, dont nous avons parlé, n'est pas celle de la perfection, c'est celle de la perfectibilité ! J'en suis tout à fait conscient : les ESPE devront s'améliorer au fil du temps. Je suis cependant déjà heureux à l'idée qu'elles seront en place à la rentrée 2013 ; ce n'était pas évident. Nous aurons à y revenir et, le cas échéant, à procéder à des ajustements, notamment en matière de gouvernance, puisque les problèmes de gouvernance ont littéralement colonisé le champ de la réflexion sur l'université ces dernières années, mais aussi en ce qui concerne les contenus, car tout n'est pas qu'affaire de gouvernance. Il sera effectivement difficile d'ajuster la qualification professionnelle de l'enseignant – avec tutorat, stage et présence sur le terrain – et, en même temps, la qualité disciplinaire, la recherche en éducation et la présence aux ESPE ; j'ai entendu beaucoup de choses à ce propos, et nous aurons l'occasion d'en reparler. Cela dit, notre modèle va dans le bon sens, et il est bien accueilli par les universitaires. Sachons-le reconnaître car c'est de bon augure, alors que le sujet, nous le savons les uns et les autres, n'est pas simple.

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