Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 20 février 2013 à 16h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Monsieur Folliot, les récents événements signent, en effet, l'échec de la stratégie d'évitement et valident notre tactique militaire.

Aujourd'hui, 1 800 Tchadiens se trouvent sur le terrain. Ces soldats très aguerris n'appartiennent pas à la MISMA – car le Tchad ne fait pas partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) –, mais interagissent directement avec nous. Leur intégration à la MINUMA dépendra du souhait du président Idriss Déby, mais également de la capacité des forces tchadiennes à satisfaire aux critères de l'ONU en matière de compétence, mais également de moralité et de respect du droit. En attendant la résolution de l'ONU, puis sa mise en oeuvre, cette question reste en suspens.

Monsieur Hillmeyer, ce n'est pas la BFA qui participera à la mission de formation au Mali. La question de la forme à donner à la contribution de leur pays a sans doute fait l'objet de débats entre les membres du gouvernement allemand. Pourtant, mon homologue Thomas de Maizière m'a soutenu dès le départ, alors que, quand j'avais soulevé la question du Mali devant les ministres de la défense de l'Union européenne, en septembre 2012, bien peu – y compris en France – mesuraient le danger de la situation.

Monsieur Candelier, comme je l'ai souligné, nous sommes favorables au passage de relais à une force de maintien de la paix sous contrôle de l'ONU, et en prenons même l'initiative. Quant aux élections, tout doit être fait pour qu'elles se tiennent en juillet, au risque d'ébranler la crédibilité du président Traoré, à peine réhabilitée par son appel à l'aide de la France et par sa gestion du conflit. C'est que, si on laisse passer juillet, la saison des pluies entraînera le report des élections à novembre. J'ai donc rappelé hier cette priorité au premier ministre Sissoko, le Président de la République l'a évoquée avec le président Traoré, et l'ONU l'inscrira certainement dans la résolution à venir.

Nous sommes extrêmement vigilants à l'égard des exactions et mettons tout en oeuvre pour les éviter : déploiement d'observateurs des droits de l'homme de l'ONU, présence de la Cour pénale internationale (CPI). Mais restons prudents : tous les cas annoncés dans les journaux ne correspondent pas à la réalité. Dès le 11 janvier au matin – alors que l'opération n'était pas encore décidée –, certains médias relayaient les propos d'ONG parfaitement respectables sur les supposés dégâts collatéraux de l'intervention française ! La vérification doit donc être systématique ; en revanche, il faut être intransigeant face aux exactions avérées, et nous en avons averti les forces maliennes.

Le coût de l'opération – par définition croissant – s'élève actuellement à un peu plus de 100 millions d'euros.

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