Nous sommes quelques-unes à être heurtés par les propos de Mme Bechtel. Il faut prendre en considération l'histoire de notre République. Je pense aux députés qui, à la fin de la Première Guerre mondiale, après que l'Alsace-Moselle a pu rejoindre à nouveau le giron de la République française, représentaient ces territoires et en étaient fiers.
Nous sommes un certain nombre – je dis « nous » parce que c'est mon cas – à ne pas avoir parlé le français pendant les premières années de notre vie, parce que notre langue maternelle était une langue dialectale, la langue régionale alsacienne. Ce n'est pas pour autant que nous sommes de moins bons Français, ni qu'il faut tuer les langues régionales.
En réalité, l'amendement risquerait de transformer ipso facto, avec le temps, ces langues régionales vivantes en langues régionales mortes. Ce n'est pas ce que nous voulons, parce qu'il s'agit d'une question patrimoniale.
Vous n'imaginez pas, madame Bechtel, à quel point ces questions sont profondément ancrées en nous. Nous sommes fiers d'être Français et de défendre la République, mais nous sommes aussi fiers d'essayer d'empêcher que la transmission de notre identité régionale et culturelle ne soit remise en cause, parce qu'elle constitue une richesse. Je vous invite à lire les travaux de Claude Hagège et les rapports de l'Unesco, qui démontrent qu'il faut aujourd'hui préserver cette diversité. Il existe différentes formes de diversité : la diversité biologique, mais aussi la diversité linguistique. Je le dis très fièrement et très solennellement : des propos comme ceux que vous venez de prononcer, madame Bechtel, n'honorent pas le mouvement que vous représentez.