Vous avancez aussi que vous voulez préserver le lien de l'élu avec son territoire. Mais de quel lien parlez-vous ? Comment les élus locaux et les habitants vont-ils s'y retrouver avec ces immenses circonscriptions électorales cantonales dans lesquelles exercera un binôme, un homme et une femme élus ensemble et exerçant leur mandat indépendamment l'un de l'autre sur le territoire ? Vous êtes en train d'organiser la mort des territoires ruraux et de leur représentation politique et, pis encore, le désordre territorial.
Imaginez un maire nouvellement élu dans une commune ; auquel des deux conseillers va-t-il s'adresser ? Si le premier ne donne pas satisfaction, il ira voir l'autre, et ainsi va s'instaurer une rivalité entre les deux conseillers départementaux alors qu'il faut au contraire que l'élu soit un élément dynamique, un catalyseur, un rassembleur sur son territoire ; mais ces mots vous sont évidemment étrangers à l'échelle nationale.
Vous dites appliquer le principe un homme une voix, mais cela impliquerait d'étaler les circonscriptions au-delà de toute limite, de redécouper tous les départements ; certains sont composés d'un million d'habitants, d'autres de 250 000 à 300 000 habitants. Cet argument ne tient pas. À la vérité, vous avez décidé de revoir l'ensemble de la carte électorale française, de donner l'essentiel des pouvoirs aux populations, c'est-à-dire aux agglomérations ; c'est votre choix politique. Au demeurant, il se révélera lorsque nous aborderons un autre sujet d'importance, celui du partage des compétences entre chaque niveau de collectivités.