Le projet de loi qui vient de nous être présenté embrasse une ambition très vaste en abordant tous les modes de transport : ferroviaire, routier, maritime, fluvial et aérien.
Les débats du Sénat se sont concentrés presque totalement sur les modalités de la taxe poids lourds, et nous allons abondamment en discuter à notre tour. Pour autant, il ne saurait être question de négliger les autres articles, dont certains revêtent une grande importance. Notre débat ne doit pas se résumer à une remise en cause de la taxe poids lourds, adoptée dans son principe de façon consensuelle.
Au premier abord, il s'agit d'un texte essentiellement technique mais qui poursuit comme objectif majeur le renforcement de la sécurité juridique. Celle-ci constitue une condition indispensable au bon fonctionnement de chaque mode de transport, exigence exprimée par tous les intervenants du secteur. Or elle peut faire défaut sur des points précis, que le projet de loi entend justement faire évoluer.
Le texte reflète la volonté du Gouvernement d'intégrer la dimension du développement durable dans notre législation, ce qui ne peut que rassembler les membres de notre commission. Il restera bien sûr à prendre d'autres mesures, notamment pour donner l'impulsion décisive à la transition écologique voulue par le Président de la République. Ce texte se présente donc comme une première étape, notamment pour permettre l'entrée en vigueur de la taxe poids lourds.
Le Titre Ier du projet de loi concerne le transport ferroviaire. Je salue l'introduction par le Sénat d'un article 3 bis visant à assurer la transparence des comptes des lignes TER envers les régions. L'article 4 renforce les moyens de protection du réseau ferré, auquel des dommages considérables sont infligés par malveillance, en procurant un fondement législatif aux interventions déjà pratiquées, sur une base contractuelle, par des agents de la SNCF travaillant pour le compte de RFF. Mais cet article apparaît, paradoxalement, à la fois superflu et insuffisant. Il est superflu, ou plutôt prématuré, puisqu'une telle disposition découlerait certainement de la réforme ferroviaire que vous nous présenterez prochainement. Il est insuffisant si l'outil juridique des contraventions de grande voirie, auquel il est fait référence, ne suffit pas à combattre efficacement les dégradations. Pouvez-vous nous apporter des précisions ?
Le Titre II, portant sur le transport routier, a été complété au Sénat par quatre articles additionnels relatifs au mécanisme, au champ d'application et aux modalités de la taxe poids lourds. Conformément au vote des sénateurs, la taxe alsacienne n'aurait plus lieu d'être. Pouvez-vous nous décrire plus précisément la phase d'expérimentation qui va s'y substituer, menée au plan national sans perception de la taxe, et avec quelles entreprises volontaires ?
Le consortium Écomouv' a remis, fin février, un rapport sur l'état d'avancement du dispositif technologique très innovant – présentant de ce fait des risques quant à sa fiabilité – des portiques routiers et des boîtiers. Où en est-on ?
Compte tenu des nombreuses sollicitations que nous avons reçues, visant à obtenir l'exemption du dispositif pour telle ou telle catégorie d'usage des poids lourds, nous confirmez-vous que le droit européen ne permet pas un traitement différencié des véhicules selon leur usage ? Je rappelle qu'il ne faut considérer les camions qu'en fonction, d'une part, de leur poids – donc de l'usure qu'ils infligent aux routes –, et, d'autre part, de leur qualité environnementale, c'est-à-dire des normes Euro 4, 5 et 6.
Enfin, je relève que les derniers titres du projet de loi, concernant les transports fluviaux, maritimes et aériens, n'ont guère suscité de contestations de la part des intéressés. Ceux-ci se sont même déclarés pleinement satisfaits du texte comme de la concertation qui avait précédé sa rédaction. Les dispositions sur les navires abandonnés, sur le droit pénal en mer, sur les ressources du port de Paris, semblent consensuelles. Il faut en féliciter le Gouvernement.