Intervention de François-Michel Lambert

Réunion du 27 mars 2013 à 16h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

Contrairement à ce qu'affirment certains, le transport de marchandises n'est pas, en soi, un secteur économique : c'est un support, un service destiné à mettre en relation les acteurs économiques, les producteurs et les consommateurs, et dont l'importance, dans un monde fini aux ressources limitées, doit diminuer au bénéfice de l'économie en général.

Nous devons trouver un autre modèle de développement. Il est possible de vivre mieux avec une croissance nulle, mais cela implique d'opter pour un modèle d'économie circulaire plutôt que linéaire. À partir du moment où l'on préfère l'usage du service à la consommation du produit, où l'on développe l'écoconception pour réduire les besoins en ressources, où l'on réutilise les déchets, où l'on favorise les circuits courts, le transport de marchandises perd de sa nécessité. La croissance de ce type de transport ne saurait constituer l'avenir d'une société fondée sur le développement durable.

Plus qu'au transport de marchandises, il faut donner la prime à l'organisation logistique territoriale et à l'optimisation économique, environnementale et sociale des flux. C'est ce qu'a fait l'Allemagne en développant, en 2007, son Masterplan Güterverkehr und Logistik, dont la taxe sur les poids lourds n'est qu'un élément.

L'écotaxe en particulier, comme plus généralement la politique des transports, doit être appréhendée dans un cadre global, celui du développement d'un modèle de société moins soumis aux crises financières et économiques, moins dépendant des ressources naturelles. À cet égard, on ne peut qu'être exigeant sur sa mise en oeuvre, ce qui implique de refuser toute exonération, même en faveur des collectivités : celles-ci doivent faire partie des acteurs du changement.

De même, il est indispensable de rompre avec l'hégémonie du transport routier, et d'éviter que ce secteur, in fine, ne bénéficie de l'affectation du produit de l'écotaxe. Une partie des ressources collectées doit être confiée aux régions, ces collectivités ayant vocation à promouvoir les transports alternatifs – ferroviaire, fluvial et maritime. Le groupe écologiste a déposé des amendements en ce sens.

Le secteur routier français est fragilisé depuis la crise de 2008. Mais ce qu'il faut remettre en cause, c'est le choix, effectué depuis des décennies, de privilégier la route au détriment d'un véritable plan d'aménagement territorial, et de considérer le transport routier comme secteur économique plutôt que comme service. Il faut en réduire l'ampleur, quitte à faire disparaître des camions ou des emplois. Ces emplois, de toute façon, nous les retrouverons ailleurs, comme dans la performance logistique.

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