Mon rappel au règlement se fonde sur l'article 58, alinéa 1er, de notre règlement.
Je pense que nous ne pouvons pas valablement commencer nos travaux sans avoir éclairci une question majeure, qui touche aux prérogatives du Parlement telles que fixées par l'article 34 de la Constitution.
Dans son intervention télévisée, jeudi dernier, le Président de la République a indiqué que toute correction de l'accord qui nous est présenté aujourd'hui devrait recueillir l'accord des signataires. Dans la pratique, cela revient à accorder au MEDEF un droit de veto sur les dispositions que nous pourrions adopter. Une telle injonction est évidemment inacceptable, d'autant qu'une partie du texte porte sur les conditions et les modalités d'accès au juge, sur des droits fondamentaux, qu'elle concerne des dispositions générales d'ordre public.
Tout à l'heure, monsieur le ministre du travail, vous nous avez rappelé la suprématie de la loi. Le problème est que, si le texte qui nous est présenté aujourd'hui est adopté en l'état, c'est précisément la suprématie de la loi qui sera bafouée. En effet, le principe de faveur, que nous avons hérité du Front populaire, sera remis en cause, et un accord d'entreprise pourra déroger à la loi dans un sens défavorable au salarié. La réponse que vous avez donnée tout à l'heure n'était donc pas satisfaisante.
C'est la raison pour laquelle je souhaite, compte tenu de la gravité de la question et des déclarations du Président de la République, que le Premier ministre vienne véritablement s'expliquer sur cette question devant l'Assemblée. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)