Intervention de Jean-René Marsac

Séance en hémicycle du 4 avril 2013 à 15h00
Sécurisation de l'emploi — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-René Marsac :

En vue de franchir une étape supplémentaire en matière de portabilité des droits à la formation, il est créé un compte personnel de formation. Ce compte ne se substitue pas au plan de formation, il le complète. Il va plus loin que le droit individuel à la formation, dont l'utilisation connaît de nombreuses limites.

Ouvert dès l'entrée sur le marché du travail, il peut être un outil de formation initiale différée. Il vise à faire progresser tout salarié d'au moins un niveau de qualification au cours de sa vie professionnelle. Il introduit de manière plus explicite et effective la portabilité des droits à la formation.

Nous savons que l'inégalité sociale se manifeste très fortement à l'issue de la formation initiale et ensuite tout au long de la carrière professionnelle. Ce sont toujours ceux qui ont les meilleurs niveaux de formation initiale qui accèdent le plus facilement et le plus souvent à la formation continue. La formation tout au long de la vie, pour tous, est encore un objectif loin d'être atteint.

Les nouveaux dispositifs proposés doivent contribuer à réduire ces écarts sociaux. Mais, pour atteindre les objectifs fixés, il est indispensable d'aborder différemment le conseil, l'orientation et l'accompagnement vers les formations et durant le processus de formation. C'est l'objectif du conseil en évolution professionnelle introduit dans cet article 2. Pour mieux appréhender l'évolution de l'environnement professionnel, il s'agit de s'appuyer sur des diagnostics locaux et sur la future création du service public d'orientation.

Je pense cependant qu'au-delà de ces nouveaux droits et de ces nouvelles organisations, plus transversales entre les entreprises, entre les filières et les métiers, plus régionalisées et décentralisées, y compris au niveau des bassins d'emploi, il sera nécessaire, pour que tous les salariés et les chômeurs accèdent vraiment à ces droits à la formation, que des dynamiques collectives soient impulsées et animées dans les entreprises et dans les territoires. Il faut retrouver le souffle de la formation permanente et de la promotion sociale impulsé par Jacques Delors ; il est également nécessaire, pour réussir, de reprendre les réflexions, recherches et expérimentations conduites par Bertrand Schwartz dans les années 1970 et 1980 sur l'accès de tous à la qualification et sur les actions collectives de formation.

Une conception trop stéréotypée de l'offre de formation et une approche trop individualisée des mutations professionnelles ne permettent pas d'atteindre les objectifs de la formation accessible à tous ; ces objectifs doivent être portés collectivement et constituer une ambition partagée par l'ensemble de la société.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion