Intervention de Jean-Christophe Fromantin

Réunion du 2 avril 2013 à 17h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Fromantin :

Au nom du groupe UDI, je remercie M. Eloi Laurent de sa présentation. Cette approche de l'égalité des territoires me paraît soulever trois questions. Premièrement : quelle égalité ? Vous avez abordé ce problème au début de votre exposé. Il y a environ trois ans, un rapport a été publié qui classait les régions françaises selon deux critères : le PIB par habitant et l'indice de développement humain. Le résultat était extrêmement étonnant : selon le premier critère, l'Île-de-France était classée première, le Limousin dernier ; selon le second critère, c'était l'inverse. L'écart est tel et les notions en jeu si politiques qu'il paraît très difficile et audacieux de consacrer un rapport à l'égalité des territoires. Ce classement donne la mesure de l'écart entre l'intention qui sous-tend la promesse d'égalité des territoires et sa réalisation.

La deuxième question porte sur la complémentarité et l'articulation des métropoles et des autres territoires. Sur le fait métropolitain à l'échelle mondiale, je serai plus nuancé que vous : je ne suis pas certain que le phénomène soit le même dans les pays émergents et dans nos « vieilles » économies. Contrairement aux nôtres, dont le territoire est petit et assez concentré, les métropoles d'Amérique du Sud ou de certains pays d'Asie, qui comptent 30 ou 40 millions d'habitants, tirent profit de la faible pression foncière pour accueillir les industries. Il conviendrait de s'interroger sur l'articulation entre zones denses et zones à faible densité : les secondes doivent être préservées en raison de leur vocation productive, de leur capacité à accueillir l'industrie, l'artisanat, l'agriculture et les PME, mais elles ne pourront continuer à jouer ce rôle qu'à condition de se rapprocher de la métropole, qui seule leur apporte la valeur ajoutée dont elles ont besoin pour être compétitives. Dès lors, le véritable enjeu est la mobilité entre ces deux zones. Implantée à deux ou trois heures d'une métropole, une entreprise industrielle est sans avenir ; plus près, elle pourra y puiser les fonctions immatérielles dont dépend la compétitivité hors prix. C'est une question de choix politique. La régénération de nos activités économiques et industrielles en dépend, ainsi que le sens de notre travail sur la valeur ajoutée : si nous fabriquons de la valeur ajoutée sans l'adosser à un projet industriel, artisanal ou agricole, elle ne pourra résister à la concurrence des pays émergents qui ont plus de moyens que nous.

Le troisième problème est celui des mobilités. Vous n'avez pas employé le terme, mais la notion sous-tend sans doute vos travaux. Elle est essentielle, car s'il est impossible de mettre les habitants de tous les territoires sur un pied d'égalité, il est primordial de donner à chacun la capacité de se rendre dans les territoires correspondant à ses qualifications et à ses attentes, notamment en termes de qualité de vie. Ce qui engage les questions suivantes : quelles mobilités infra-régionales, entre zones denses et moins denses ? Quelle mobilité entre métropoles, notamment entre nos métropoles et les autres métropoles européennes ? On cherche souvent davantage à se rapprocher de Paris qu'à articuler nos métropoles entre elles. Quelle mobilité, enfin, vers le reste du monde ? Un récent rapport soulignait le rôle des grands ports français dans le contexte de conteneurisation des flux internationaux. De fait, l'égalité des territoires supposerait que tout notre territoire soit connecté à un grand port maritime et, par là, au reste du monde. Il en va de même des aéroports – je songe au débat sur Notre-Dame-des-Landes.

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