Monsieur Eloi Laurent, vous avez été chargé de l'un des innombrables rapports demandés par le Gouvernement. Je vous félicite d'avoir produit ces 550 pages. Le site du ministère loue votre travail en insistant sur les auditions réalisées, notamment celles des élus, mais il ne présente que celles de députés socialistes et de personnalités telles que Martine Aubry et Ségolène Royal : bel esprit de pluralisme ! En présentant votre rapport à Vesoul, la ministre Cécile Duflot a déclaré : « Plus que jamais, la réalité territoriale rend nécessaire les noces de l'écologie et de la République. » L'expression est belle, mais ce n'est pas ainsi que l'on apaisera les inquiétudes qui s'expriment dans nos territoires ruraux à propos de l'accès aux soins, aux services publics, à l'éducation, du développement du numérique et de l'offre de transports publics.
Ce rapport – que j'ai dû me contenter de survoler vu son volume – est technocratique et très abstrait, ce qui conforte mon scepticisme quant à la formule du ministère de l'Égalité des territoires. Élu d'un territoire rural, je crois aux atouts et aux spécificités de ces territoires qui ont toute leur place dans leur République : ils représentent 20 % de la population mais 80 % de notre superficie. L'essentiel n'est pas l'égalité mais la reconnaissance par les pouvoirs publics de ces populations et des espaces où elles vivent. À l'égalitarisme, il faut préférer la complémentarité et la coopération, France urbaine et France rurale devant cheminer l'une comme l'autre sur la voie du progrès, mais de manière différenciée. C'est une chance : une conception égalitaire donne de la France une vision par trop uniforme.