Cet amendement de repli a pour objet d'insérer un alinéa dont le texte serait : « Le total des rémunérations, indemnités, dividendes et avantages de toute nature attribués annuellement aux dirigeants salariés, mandataires et actionnaires mentionnés au précédent alinéa ne peut excéder douze fois le montant annuel du salaire minimal applicable dans l'entreprise considérée. »
Douze fois, c'est le rapport qui sera probablement proposé aux Suisses, lors d'une prochaine votation, après celle du mois dernier, par laquelle ils ont interdit les parachutes dorés – ces Suisses ont du bon sens ! Un sondage a été réalisé à la suite de cette première votation : 83 % des personnes interrogées se sont dites favorables à l'instauration d'un salaire maximum pour les dirigeants d'entreprises privées. Seules 16 % y étaient opposés.
Thomas Piketty, après avoir montré que le revenu moyen des 0,01 % les plus riches était de 108 SMIC à temps plein en 1998, avait demandé aux personnes interrogées quels devraient être, selon elles, les revenus mensuels respectifs d'un cadre supérieur de grande entreprise et d'une caissière de supermarché. Les réponses données dessinaient, en moyenne, un rapport de 1 à 3,6, alors que l'écart réel des salaires moyens de ces deux catégories était au moins de 1 à 9. Dans une enquête menée en 2004 par l'équipe du sociologue François Dubet, le montant au-dessus duquel les salaires mensuels étaient jugés indécents était de 6 000 euros selon les ouvriers interrogés et de 10 000 euros selon les chefs d'entreprise, soit 6,6 SMIC de l'époque selon les ouvriers et 11 SMIC selon les chefs d'entreprise.
On voit ainsi que nous sommes moins sévères que la majorité de nos concitoyens.