Intervention de Maître Linda Weil-Curiel

Réunion du 2 avril 2013 à 17h30
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Maître Linda Weil-Curiel, avocate au Barreau de Paris :

Je me suis fait mon opinion à partir de tous les dossiers que j'ai plaidés en cour d'assises.

La mère explique donc que ce n'est pas de sa faute si sa fille a été excisée, et qu'elle était absente lorsque cela s'est produit. Mais quand l'enfant est en âge de parler devant la Brigade de protection des mineurs, on découvre le plus souvent qu'en réalité, elle était là ! Le père n'est jamais incriminé ; il n'y est jamais pour rien. Mais qui a payé les billets d'avion ? Qui a envoyé sa fille au pays sans assurer sa protection ? D'ailleurs, vous pouvez me croire : il lui suffirait de dire qu'il n'enverra plus un sou au village si on touche à sa fille pour que celle-ci revienne intacte.

Dans un autre dossier que j'ai plaidé, une enfant de six ans et trois mois est partie au pays avec ses deux grandes soeurs respectivement âgées de treize et quatorze ans, qui n'avaient pas été excisées en France. On pouvait donc penser que la prévention et la répression avaient porté leurs fruits, que les familles avaient compris. Que nenni ! Les aînées ont été séquestrées, mutilées, coupées, et même mariée pour la plus âgée – je dis violée, car le mariage forcé se traduit par des relations sexuelles obligées. Le père a fait valoir qu'au Mali, la majorité sexuelle était fixée à quinze ans. Le procès-verbal est cauchemardesque : la jeune fille explique qu'elle était obligée de dire oui pour pouvoir espérer rentrer en France. C'est cela – la complicité de mutilation et de viol – qu'il faut punir, et non une quelconque incitation, qui n'existe pas.

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