Intervention de Jacqueline Fraysse

Séance en hémicycle du 12 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce texte s'adresse aux jeunes de seize à vingt-cinq ans n'ayant pas ou très peu de formation, et qui ne trouvent pas de travail.

Nul ne saurait contester l'importance du sujet et des questions de fond qu'il soulève. Il concerne au moins trois domaines essentiels pour notre société.

Celui de l'enseignement, tout d'abord. Comment se fait-il que tant de jeunes sortent en échec du système scolaire, et quelles corrections faut-il apporter pour sortir de cette situation ?

Celui de l'emploi, ensuite : dans un pays marqué par la désindustrialisation et dont le nombre de chômeurs, jeunes ou moins jeunes, culmine à 3,3 millions en comptant les territoires d'outre-mer, voire plus de 5 millions si l'on prend en compte toutes les catégories, cela représente un quart de la population active. C'est beaucoup.

Celui, enfin, des politiques d'emplois des personnes peu ou pas qualifiées : les très coûteux dispositifs d'inspiration libérale visant notamment à réduire le coût du travail par des exonérations de cotisations sociales se révèlent inefficaces pour lutter contre le chômage.

Il est évident que cette situation grave appelle des mesures autrement plus ambitieuses que celles proposées dans ce texte.

Que représentent en effet les 150 000 emplois affichés, alors que PSA annonce la fermeture de l'usine d'Aulnay, avec la suppression de 3 300 emplois – plus de 7 000 si l'on compte les sous-traitants –, que dans le même temps, le volailler Doux supprime près d'un millier d'emplois, que Carrefour envisage d'en supprimer 600 et Fralib plus de 180, sans parler des projets annoncés chez Sanofi, SFR ou Air France ? Il est urgent de mettre un terme à cette véritable hémorragie d'emplois.

La poursuite de la désindustrialisation de notre pays pose à l'évidence en grand la question de l'avenir, notamment de celui des jeunes en général et des jeunes non diplômés en particulier, qui cumulent tous les handicaps aux yeux des employeurs : jeunes, sans expérience, sans formation, ils ne peuvent trouver un emploi.

On le voit, le chantier de l'emploi est devant nous et d'une ampleur considérable qui appelle des mesures très ambitieuses, plus ambitieuses bien sûr que celles qui nous sont proposées.

Certes, monsieur le ministre, vous nous avez précisé qu'il s'agit là d'un premier texte qui en appelle d'autres. Certes, nous reconnaissons que ce projet a le mérite de s'attaquer à ce fléau si destructeur du chômage des jeunes puisque les contrats d'avenir ont été conçus avec l'objectif de fournir une formation et une expérience. Certes, il a été amélioré au cours de la discussion, et nous y avons contribué par nos amendements qui ont notamment renforcé le volet formation, exigé que les employeurs qui n'auraient pas respecté leurs obligations de formation remboursent l'intégralité des aides perçues ou encore précisé le suivi, le temps et le contenu du travail du jeune concerné pour l'emploi d'avenir professeur.

Pour autant, nous nous interrogeons quant à la réussite de ce dispositif qui revient finalement à demander aux associations et aux collectivités territoriales de pallier à la fois l'échec des politiques d'emplois menées jusqu'à ce jour en direction des jeunes et les insuffisances de notre système éducatif, et de prendre en charge la formation des jeunes en très grande difficulté.

Rappelons que ces collectivités locales, après avoir dû faire face à la suppression de la taxe professionnelle, voient leur dotation globale de fonctionnement gelée depuis plusieurs années, et que les associations ont subi, dans la dernière période notamment, une stagnation, voire une baisse de leurs subventions. À cet égard, je rappelle que la présidente de la Conférence permanente des coordinations associatives a déclaré dans une tribune que « Dans la mesure où les associations employeuses ont été fragilisées ces dernières années, elles s'engageront plus difficilement dans une énième génération de contrats aidés ».

Rappelons enfin que les établissements scolaires ne sont pas parvenus à offrir une formation à ces jeunes.

Vous le voyez, il faudra beaucoup de volontarisme pour que ce dispositif réussisse. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à faire le maximum pour aider ces jeunes, prêts à prendre notre part en tant qu'élus locaux et donc en tant qu'employeurs potentiels.

Nous voterons donc ce texte qui déclare vouloir tendre la main à des jeunes en souffrance, tout en gardant à l'esprit qu'il ne suffira pas, loin s'en faut, car la situation est extrêmement grave en matière d'emplois.

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