Intervention de Henri Guaino

Séance en hémicycle du 17 avril 2013 à 21h30
Projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Guaino :

Il mine la confiance dans les institutions qui nous permettent de vivre ensemble malgré nos divergences, nos contradictions et nos désaccords.

Quand tout s'effondre dans l'économie, quand pour un nombre toujours plus grand de Français l'avenir devient une angoisse au lieu d'être une espérance, quand la crise morale et la crise d'identité ajoutent leurs effets délétères à ceux de la crise économique, quand les tensions sont déjà si fortes, un changement brutalement imposé dans l'ordre de la civilisation, un abus de pouvoir, un signe de mépris à ceux qui souffrent, peut déchaîner cette violence qui grandit déjà, jour après jour, dans le coeur de tous ceux qui ont le sentiment d'être dépossédés de leur vie.

Vous nous avez appelés, madame la garde des sceaux, à l'apaisement. C'est une responsabilité qui incombe d'abord au Gouvernement.

Si vous ne comprenez pas qu'en refusant d'assumer les conséquences de votre texte – je veux parler bien entendu du bouleversement de la filiation et de la procréation – vous empêchez un débat loyal, sincère et réellement démocratique qui seul aurait pu faire que votre loi devienne réellement la loi de tous.

Quand vous affirmez que ce texte n'ouvre pas la voie à la procréation médicale pour tous les couples et à la gestation pour autrui, vous n'assumez pas les conséquences de votre texte.

Quand vous affirmez que ce projet donne des droits à quelques-uns sans rien changer pour tous les autres, vous n'assumez pas les conséquences de votre texte.

En cherchant à disqualifier ceux qui, de bonne foi, en toute conscience, ne sont pas d'accord avec vous et avec la société que vous nous préparez, vous prenez le risque d'affaiblir la démocratie à un moment où nous avons tous besoin qu'elle soit renforcée.

En voulant à toute force que le Parlement vote cette loi comme une loi ordinaire – ce qu'elle n'est pas et vous le savez –, vous ne grandissez pas le Parlement, vous l'abaissez, vous affaiblissez sa légitimité.

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