Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 17 avril 2013 à 21h30
Projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, permettez-moi de m'émanciper du débat de fond technique, largement développé ces dernières semaines, pour m'intéresser un petit peu à ce qui s'est passé hors de ces murs et qui n'en est pas moins instructif.

Votre gouvernement a utilisé les méthodes les plus contestables, pour ne pas dire inquiétantes, pour minimiser et briser la vaste mobilisation populaire contre le mariage et l'adoption homosexuels : publication de chiffres falsifiés, propagande antifasciste, répression lors de manifestations, prisonniers politiques. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Je pèse mes mots. Il y a quelques jours encore, soixante-sept personnes, essentiellement des jeunes, ont été retenues dix-sept heures en garde à vue pour avoir manifesté silencieusement et pacifiquement sur la place du Palais Bourbon, quand des groupes de clandestins manifestent régulièrement toutes les semaines sans jamais être inquiétés, quand les Femen ne souffrent que de simples contrôles d'identité en dépit de l'agressivité verbale et visuelle dont elles font preuve, quand les casseurs syndicalistes de gauche se voient offrir l'amnistie.

Je rapporte les multiples témoignages de manifestants affirmant avoir vu des policiers en civil ayant ordre de provoquer des bagarres au sein des rassemblements pour créer le dérapage. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) J'invente ? Petit rappel : le 29 octobre 2010, vos amis de Mediapart écrivaient : « L'infiltration de nombreux policiers dans les manifestations actuelles, en civil et parfois déguisés en syndicalistes, est un fait. ». Comme quoi les bonnes vieilles méthodes ont la vie dure, au-delà des partis.

Vous usez sciemment de la « stratégie de la tension », le but étant que l'opinion publique se retourne contre les manifestants, mais tout ce que vous allez réussir à provoquer avec vos barbouzes, c'est un désastre dont vous porterez seuls la responsabilité. Le ministre de l'intérieur, M. Valls, peut se prendre pour Jules Moch, nous faire le remake des grèves insurrectionnelles de 1947 dans sa cuisine, il n'en demeure pas moins que vous vous trompez de combat et d'époque.

Pour décrédibiliser l'adversaire et briser la contestation, vous parlez de fascisme, d'extrême droite, de radicalisation, de violence, d'homophobie, mais, enfin, de quoi parle-t-on, de qui parlez-vous ? De foules immenses, composées de familles, qui, chaque fois, ont manifesté pacifiquement dans la rue, sans rien dégrader, de rassemblements spontanés, où sont scandés des slogans bon enfant, de campings, de pique-niques, d'affiches symboliquement collées sur les vitrines du local de l'inter-LGBT, interlocuteur privilégié du Gouvernement dans le cadre de l'élaboration du projet de loi.

Est-ce donc cela les monstrueux actes homophobes dont vous parlez ? Je ne rentrerai pas dans ce jeu et je ne me désolidariserai pas de ce mouvement car je sais trop combien l'invocation des bons sentiments, de l'émotion et de la lutte contre les extrêmes cache l'inquiétude des gouvernements et leur manque d'arguments politiques face aux revendications du peuple.

Vous qui dénoncez sans cesse l'amalgame, vous vous y prêtez de façon grossière en vous focalisant sur la participation épisodique de groupuscules dérisoires ne représentant rien ni personne, que tout le monde s'accorde à dénoncer.

Vous sembliez plus condescendants à l'égard de la manifestation des syndicalistes et des salariés de Goodyear, pourtant la plus violente depuis plusieurs années, selon les mots mêmes de la préfecture de police.

En revanche, les ordres donnés aux forces de police ne sont pas des plus tendres et les exemples de gazages, matraquages et autres réactions musclées se multiplient à l'égard d'une foule essentiellement pacifique.

Votre paranoïa atteint des sommets, et quand bien même certains feraient, bêtement, je dois l'admettre, de l'esbroufe verbale, je ne crois ni au sang, ni à la guerre civile, pour la bonne raison que ces collectifs sont composés du peuple de France, celui qui se lève tôt, travaille, paye ses impôts et respecte la loi, de cette jeunesse dont parlait M. Le Fur, qui laisse sa place aux personnes âgées dans le métro (Rires et exclamations sur les bancs du groupe SRC),…

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