Monsieur le président, madame, monsieur les ministres, mes chers collègues, face à la montée des tensions autour du texte dont nous débattons aujourd'hui, il me semble important de revenir à son essence même, l'affirmation de l'attachement de notre République à l'égalité des droits pour tous ses citoyens.
L'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de personnes de même sexe répond à une évolution des modèles familiaux dans notre société.
N'en déplaise aux opposants à cette réforme, la famille, ce n'est pas nécessairement un papa et une maman, ainsi qu'ils le scandent. Penser que seuls les couples hétérosexuels doivent avoir le droit d'élever des enfants, c'est une discrimination et c'est nier une réalité : il existe plusieurs façons de faire famille.
Par cette réforme, majoritairement acceptée par les Français qui se sont exprimés lors de l'élection présidentielle, nous répondons aux opposants que ce n'est pas en refusant aux couples de personnes de même sexe le droit de se marier et d'adopter que l'on fera disparaître les familles homoparentales en France.
Ces familles existent, elles sont une réalité que le législateur n'a pas le droit de laisser dans un vide juridique. Par l'adoption de ce texte, nous leur reconnaissons le droit de se marier et de fonder leur famille sous la protection de la République. Ouvrir le mariage civil à tous les couples, ce n'est pas le dénaturer. Les règles contenues dans le code civil seront les mêmes, les droits et les devoirs découlant du mariage seront identiques pour tous les couples.
La loi est là pour traduire juridiquement les évolutions traversées par la société, elle peut également être le moteur d'un changement des mentalités. Le débat sur l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe a eu lieu, et il y a fort à parier qu'il a permis à des citoyens de mieux comprendre une réalité qu'ils connaissaient mal, celle des familles homoparentales et de toutes les difficultés auxquelles celles-ci doivent faire face. Nous sommes nombreux à nous souvenir de la violence des débats lors de la discussion du PACS en 1999. Pourtant, cette union civile ouverte aux couples homosexuels comme aux couples hétérosexuels est aujourd'hui entrée dans les moeurs, et j'ajouterai, pour illustrer ce changement de mentalité, qu'assez paradoxalement ceux qui s'opposaient il y a quinze ans au PACS s'en font à présent les fervents défenseurs.