Le parti socialiste espère à bon droit cocher la case « grande réforme sociétale » dans son programme, histoire de montrer qu'il est encore force de progrès, bien qu'abandonné par les classes populaires. Mais cette victoire tactique dissimule une défaite stratégique pour la gauche.
En ouvrant cette voie, vous, les socialistes, vous ignorez que vous êtes les conservateurs de demain. Une fois la loi votée, vous serez obligés d'accorder des droits nouveaux, même ceux que vous refusez aujourd'hui !
Je suis au regret de dire à mes collègues favorables au mariage et à l'adoption, mais hostiles à la PMA, qu'ils devront demain faire face à leurs contradictions : si un couple homosexuel a le droit d'élever un enfant adopté né d'une autre personne, en quoi serait-il plus choquant qu'il élève son propre enfant obtenu grâce à des moyens médicaux ? En réalité, la Cour européenne des droits de l'homme vous forcera à l'accepter, parce que c'est un bloc, qui relève de la cohérence du droit.
On peut toujours gloser sur des subtilités, affirmer qu'élever et procréer sont deux choses différentes. Reste que toutes ces distinctions théoriques s'effondrent : dès lors que le droit décide de s'écarter de la réalité biologique, il n'a de frontières que celles qu'il se donne dans sa propre cohérence. La cohérence du droit, c'est de considérer que ces droits forment un bloc ; par conséquent, soit vous refusez tout, soit vous accordez tout ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Or, le sujet juridique n'est pas anodin, mes chers collègues. L'impact pour la France sur le plan international sera un tarissement des filières d'adoption, dont les grands perdants seront in fine les couples hétérosexuels. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Nombre de pays, parce qu'ils ne reconnaissent pas les couples homosexuels, refuseront d'expatrier leurs orphelins, au motif qu'ils pourraient être adoptés par un couple homosexuel. Le niez-vous ? Bien évidemment pas !
Cela créera ainsi une crise de l'adoption du fait de l'augmentation de la demande, plus de couples demandant des enfants, et d'une baisse de l'offre. Cela engendrera des souffrances individuelles extrêmes et la création d'un marché parallèle de l'enfant.