Ces projets me paraissent bons, mais ils manquent sérieusement de courage. On a l'air de rechigner devant l'avènement d'une démocratie directe, alors même que l'on subit à longueur de journée le référendum médiatique, dont chaque écho est aussitôt suivi d'une décision. On est dans le mandat impératif le plus absolu. C'est ainsi que l'affaire Cahuzac a conduit le président de la République à transformer son gouvernement en Crazy Horse : tout le monde s'est dénudé !
Il est temps de sortir de cette crainte du bonapartisme et de substituer le référendum populaire au référendum médiatique. Napoléon n'avait pas recours au référendum, mais au plébiscite. Le professeur Fabre mettait zéro quand on employait un terme pour l'autre ; quant au doyen Vedel, il faisait une crise cardiaque ! Les deux notions n'ont absolument rien à voir l'une avec l'autre.
Il est grand temps de donner la parole au peuple. Si on prétend l'aimer, il ne faut pas en avoir peur. Nietzsche n'aimait le peuple que s'il était propre et éloigné de lui ; moi, je suis pour un peuple proche de nous, prêt à s'exprimer, et même à nous renvoyer s'il en a envie.
Il conviendrait d'ailleurs de prévoir la possibilité de donner congé, par référendum, à un président de la République qui se sera révélé bon à rien au bout d'un an de mandat – une situation purement hypothétique, bien entendu.