Pour notre part, depuis dix mois, nous travaillons, nous avançons avec nos partenaires. La politique de sécurité et de défense commune est une question essentielle. Notre travail, en la matière, ne peut qu'être patient et minutieux.
La France a adopté une méthode simple : s'appuyer sur nos partenaires les plus actifs. C'est ainsi que le groupe de Weimar, jusqu'alors sous-utilisé parce qu'on ne traitait pas la Pologne en partenaire, a pris toute son importance au cours des derniers mois.
Dans le cadre de ce groupe étendu à l'Italie et à l'Espagne – une formation que nous appelons entre nous le « Weimar plus » –, nous avons obtenu des avancées concrètes en matière de politique de sécurité et de défense commune, en proposant de vraies orientations d'envergure à nos partenaires, visant à renforcer notre base industrielle de défense, la cohérence et la visibilité de nos opérations ainsi que nos capacités.
S'agissant des actions sur le terrain, j'évoquais la mission de formation militaire au Mali. Mais on peut citer aussi le lancement de nouvelles opérations au Niger, dans la Corne de l'Afrique et bientôt en Libye, ou encore la création de projets de mutualisation et de partage des capacités industrielles parmi les États membres, en ce qui concerne les avions ravitailleurs, par exemple.
En décembre prochain, à la demande de la France et pour la première fois depuis cinq ans, le Conseil européen se saisira de cette question. Notre souhait est que ce Conseil travaille activement sur trois volets précis de la politique de sécurité et de défense commune, tels que nous les avons fait adopter lors du Conseil européen de décembre 2012 : le partage et la mutualisation des capacités ; le renforcement de la visibilité et de la cohérence des opérations, en particulier la gestion de crise ; et la définition du socle industriel et des technologies de défense européennes.
La séquence qui nous sépare de ce Conseil sera marquée par trois échéances majeures, après le Conseil des affaires étrangères en format « défense » qui s'est réuni hier à Luxembourg et qui a été l'occasion d'une première discussion.
Au printemps, la Commission européenne publiera une communication sur les marchés et l'industrie de défense. Mme Ashton présentera deux rapports d'étape : l'un sur l'approche globale politique de sécurité et de défense commune ; l'autre sur les opérations. Ce dernier, qui pourrait paraître dès le mois de juin, devrait marquer un moment clé dans la mise en oeuvre des conclusions sur la Politique de sécurité et de défense commune du Conseil européen de décembre 2012. Enfin, le Gymnich du mois de juin, en format « affaires étrangères-défense », nous permettra d'avoir un débat de fond avant cette grande échéance de décembre 2013 à laquelle je viens de faire référence.
Vous nous suggérez la rédaction d'un Livre blanc sur la sécurité et la défense européenne. Je pourrais vous rejoindre car je suis assez satisfait de constater la convergence de nos analyses. Pour notre part, nous avons d'ores et déjà lancé un travail ambitieux sur les questions de sécurité et de défense. Nous ne saurions le retarder en le soumettant aux nouveaux préalables que vous suggérez.
Le Livre blanc de la défense nationale, qui sera publié dans les semaines qui viennent, comportera un volet européen particulièrement important. Tout au long de sa rédaction, ce Livre blanc a bénéficié de l'apport de partenaires européens d'importance, associés pour la première fois à son élaboration.
Vous émettez également le voeu d'une discussion approfondie sur la notion de solidarité européenne, notamment en matière de défense. Dans cette acception très étroite, la solidarité européenne est déjà une réalité comme le prouve l'exemple du Mali.