Intervention de Thierry Braillard

Séance en hémicycle du 23 avril 2013 à 22h00
Avenir politique de la construction européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Braillard :

Nous sommes invités à examiner, à la demande du groupe UMP, une proposition de résolution sur l'avenir politique de la construction européenne. On pourrait donc s'attendre à ce que ce texte ait un vaste champ d'intervention, à la hauteur des enjeux auxquels fait face l'Union européenne. On pourrait penser qu'au vu du taux de chômage au sein de l'Europe et d'une croissance en berne, des mesures sociales et en faveur de l'emploi soient suggérées. Il n'en est rien. Absolument rien. À croire que, selon M. Lellouche et le groupe qui a soutenu son examen, l'avenir politique de la construction européenne se réduit à une défense commune. Soit le titre est bien grandiloquent au vu du contenu, soit il ne traduit que trop bien l'approche européenne de la droite française. Quoi qu'il en soit, on ne peut que déplorer cette étroitesse politique que même la rectification du texte initial n'a su édulcorer.

Mais, outre son intitulé, ce texte pose problème sur le fond. Si les radicaux de gauche soutiennent l'établissement d'une défense commune en Europe, ils ne peuvent approuver cette proposition de résolution, pour deux raisons principales. La première, c'est qu'elle se montre inquisitrice envers nos voisins européens quant à leur soutien modéré dans le conflit malien. La seconde, c'est qu'elle n'aborde les problèmes existants que de manière superficielle, sans évoquer la question de fond : le manque de transferts de compétences et l'absence d'un État fédéral européen.

Enfin, cette proposition de résolution, pourtant censée porter sur l'avenir politique de la construction européenne, se réduit à la seule question de la défense plutôt que de porter sur l'ensemble des domaines dans lesquelles l'Europe devrait avoir une compétence fédérale.

Les radicaux de gauche appellent depuis longtemps à une Europe de la défense, une Europe qui soit à la hauteur de son rôle dans le monde, une Europe qui pèse dans le destin des nations. La défense européenne ne doit pas reposer uniquement sur quelques États membres qui l'assumeraient à eux seuls. S'il est normal que chaque pays contribue à une défense commune proportionnellement à ses moyens, il n'est pas admissible que certains ne fassent aucun effort de défense, qu'ils s'appuient sur la défense financée par d'autres. Il n'est pas non plus acceptable que la plus grande puissance économique du monde fasse reposer sa défense sur un pays tiers, en l'occurrence les États-Unis. La défense du continent européen doit être conçue, financée et mobilisée au niveau de l'Union européenne.

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