Intervention de Jacques Bompard

Séance en hémicycle du 23 avril 2013 à 22h00
Avenir politique de la construction européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

Monsieur le président, monsieur le ministre, la construction européenne est en crise. Pour être plus précis, elle est actuellement au milieu du gué : soit elle avance, soit elle recule, soit elle se noie, et avec elle, la France ! Pour éviter le pire, il n'y a qu'une solution possible : renoncer aux chimères mondialistes issues de l'utopie d'une réorganisation mondiale strictement consumériste.

Il faut refonder une Europe pragmatique. Pas une Europe qui rêve d'imposer le volapük ou l'espéranto à ses habitants ! Pas une Europe qui contrôle tout par le biais de lointains technocrates bruxellois ! Pas une Europe qui dicte ses lois aux nations souveraines par le biais de juges rompus au mondialisme et à l'esprit du temps ! La motion de mes collègues de l'UMP révèle de nombreuses incertitudes. Elle révèle aussi leurs inclinations. Est-il raisonnable que depuis Maastricht, on en soit toujours à songer d'entamer éventuellement, peut-être, un jour, un débat – qui n'aurait rien de définitif – sur les objectifs politiques de l'Union européenne ? Il serait peut-être temps de définir une conception politique de l'Europe. Sommes-nous pour l'Europe de Bruxelles, celle qui a mis la Grèce à genoux, et fait passer sous les fourches caudines l'Espagne, l'Italie, l'Irlande, et bientôt la France ?

Il est étonnant d'organiser un débat, quand, au fond, il semble que l'on soit surtout préoccupé de ne pas donner son avis sur ce problème essentiel ! Il serait temps que les parlementaires dressent un constat lucide et, par exemple, qu'ils préparent la France à renégocier les traités européens. La résolution demande que l'on jette les bases d'une armée européenne. Peut-être ce projet est-il le plus emblématique de tous les rêves qui agitent la commission européenne et ses fidèles exécutants.

Les Français ont toujours été fiers, avec raison, de notre armée, qui s'est illustrée au Mali et a démontré qu'elle était encore capable d'intervenir de manière autonome, en dépit de nombreuses carences logistiques, notamment en ce qui concerne les avions de transport. Nos forces ont prouvé que, malgré les contraintes budgétaires qu'on leur impose depuis des années, elles parviennent à garder la tête haute face à l'adversaire, et à le battre. À l'heure actuelle, l'armée française est encore capable d'assumer seule la sécurité de la France, pour peu qu'on lui accorde les crédits suffisants.

Il me semble qu'aujourd'hui, la rédaction d'un nouveau livre blanc – européen cette fois – n'aurait que peu d'intérêt. D'expérience, nous savons fort bien que nos propres programmes nationaux ne sont jamais respectés. À quoi bon créer un nouveau comité dispendieux qui produira un document inutile ?

Surtout, une armée est au service d'une politique, d'une communauté de destin. Avant de songer à rédiger un livre blanc européen, il faudrait déjà que l'Europe ait une réalité politique ! Aujourd'hui, l'Union européenne n'est qu'une bureaucratie au service des intérêts économiques et financiers mondiaux. Elle n'est absolument pas au service des peuples qui la composent. Nul besoin que des technocrates se réunissent dans des bureaux bruxellois ! Il serait bien plus utile à la France que les différents responsables des armées et services de sécurité nationaux puissent continuer à se rencontrer pour mettre en place des collaborations ponctuelles et utiles. La lutte contre la criminalité transfrontalière est une réalité bien plus concrète et urgente !

Je vous invite, mes chers collègues, à analyser les véritables problèmes et à écouter le peuple de France qui, la dernière fois qu'il a été consulté sur ce sujet, a massivement voté non.

Ce n'est pas en méprisant les peuples qu'on bâtit une communauté de destin. Les Français et les Européens ont besoin d'une Europe comme celle de Charlemagne, pas d'une technocratie imitant l'Union soviétique, au service d'intérêts bien différents de ceux des citoyens.

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