Intervention de Nicole Ameline

Séance en hémicycle du 23 avril 2013 à 22h00
Avenir politique de la construction européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicole Ameline :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, Pierre Lellouche a eu raison d'interpeller notre assemblée sur la question cruciale de la solidarité européenne et c'est en Européenne convaincue que je soutiens sa proposition également portée par Axel Poniatowski à un moment ou l'Europe est confrontée à un triple affaiblissement politique, économique et militaire. Comment pourrait-on se résoudre à cet effacement programmé, au moment ou tant de défis extérieurs, de menaces nouvelles, mais aussi de nouveaux acteurs occupent la scène internationale ? Certes, nous savons avec Paul Valéry que les civilisations sont mortelles. L'Union européenne souffre, il est vrai, d'un manque de cohésion et, peut-être plus encore, d'une introspection maladive qui lui fait, depuis longtemps, oublier la réalité du monde et l'accélération de ses changements. L'Europe se laisse, en quelque sorte, absorber par elle-même.

Réagir ? Oui, il y a urgence. Le sursaut refondateur porté par cette résolution s'inscrit dans un contexte de faible réactivité qui a, il est vrai, marqué, et personne ne peut le contester, nos récentes opérations militaires qui entraient pourtant dans le champ des enjeux les plus sensibles de notre sécurité collective. En effet, si pour rester dans la course du monde, l'Europe doit naturellement relever les autres défis – ceux d'une croissance trop faible, d'une innovation insuffisante, et d'une vision politique insuffisamment coordonnée – nous reconnaissons que nos capacités de défense constituent un marqueur objectif de la politique collective d'influence et de puissance. Que vaut l'indignation sans l'action ? Allons-nous réduire notre ambition collective au soft power, donc à cette force internationale que nous avons avec l'aide publique au développement, notre vision et notre action en faveur des droits de l'homme, notre puissance normative, qui sont, certes, des atouts très importants, mais qui ne pèsent pas suffisamment, si nous perdons parallèlement nos capacités opérationnelles d'intervention et si nous n'affirmons pas une vision stratégique commune et, plus encore, si nous ne partageons pas le poids et le coût de ces interventions ?

Sommes-nous, aujourd'hui, capables de définir un intérêt général européen dans les domaines clés, donc aussi importants que la sécurité énergétique, la cyberdéfense, le terrorisme, les trafics internationaux d'armes, d'êtres humains et de drogue ?

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