Comme l'a noté Hubert Védrine dans son rapport fin 2012 « A part une reconnaissance de principe dans les communiqués des sommets de l'OTAN, il n'y a pas eu d'avancée ni préalable, ni parallèle à ce retour ». Cette quasi-stagnation s'explique, selon lui, par un faible activisme français depuis 2009, ce qui a permis à la Commission et à la technostructure bruxelloise, entre autres, de prétendre qu'une fois rentrée dans l'OTAN, la France ne s'intéresserait plus à la défense européenne, alors qu'elle en était le seul avocat. À cela s'est ajoutée une insuffisante dynamique à promouvoir la coopération structurée permanente du traité de Lisbonne et un défaut de promotion de la restructuration de l'industrie d'armement dans un cadre européen. Cela a été fatal à un renforcement de l'identité européenne dans le domaine de la solidarité militaire. Dans ces conditions, il n'est guère étonnant que nos alliés au sein de l'Union aient eu le sentiment d'une insuffisance d'objectifs et de solidarité.
Ma troisième interrogation porte sur l'absence d'un dessein fondé sur des projets concrets. L'Union européenne doit mesurer que sa malformation constitutionnelle provient largement de l'inexistence d'un dispositif de stimulation macroéconomique. L'Union aurait besoin d'un régime fiscal intégré et d'une banque centrale dédiée à la prospérité économique. Il lui manque, avant tout, un mécanisme budgétaire automatique tourné vers le plein emploi, qui jugule la récession et compense les baisses de la demande dans ses régions les plus pauvres. En matière de défense, il faudra bien, à terme, reconstruire une vision stratégique commune à l'Union européenne.
Soyons modernes, soyons modestes, mes chers collègues ! Aller de l'avant suppose d'en finir avec l'utopie d'une Europe de la défense institutionnelle, irréalisable en l'état. Soyons offensifs et concentrons-nous sur du concret, comme des projets industriels et des actions d'organisation en amont.
Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer il ne me paraît pas possible de soutenir la proposition de résolution soumise à notre discussion, et ce d'autant plus qu'elle est portée par ceux qui ont déjà eu une expérience gouvernementale qui laisse vraiment à désirer. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)