Monsieur le député, vous appelez mon attention sur l'avenir de l'usine papetière de Corbehem et, plus largement, sur celui de la filière papier.
Vous savez – et c'est un point sur lequel nous pouvons tomber d'accord avec tous ceux qui regardent de près cette filière et ce secteur – qu'aujourd'hui, la production de papier destiné à l'impression ou à l'écriture est en repli, en raison de la concurrence du numérique et de la délocalisation des impressions. La réduction de la consommation des papiers graphiques est structurelle et les surcapacités en Europe sont évaluées à 1 million de tonnes.
Nous subissons des difficultés sur tout le territoire national, comme tous les pays européens, en raison de décisions de fermeture d'usines dans le secteur de la papeterie, notamment de la production de papier graphique ou de papier couché, comme c'est le cas à Corbehem. Le groupe finlandais Stora-Enso, qui compte 30 000 salariés dans le monde et dont le chiffre d'affaires était de 11 milliards en 2011, a annoncé, en octobre 2012, la fermeture d'une usine en Finlande, l'arrêt de plusieurs lignes de production en Pologne et en Suède et, en ce qui concerne la France, le lancement d'une étude sur la faisabilité de la vente du site de Corbehem. Il ne s'agit donc pas d'une cessation d'activité, mais d'une cession.
Il emploie, sur ce site, 350 personnes très qualifiées, qui disposent d'un outil de travail extrêmement performant. Je pense à la « machine 5 », d'une capacité de 330 000 tonnes par an, qui, grâce à des investissements répétés, fait partie des dix machines les plus performantes en Europe. Pour autant, la production effective sur le site n'a été en 2012 que de 267 000 tonnes et les perspectives pour 2013 sont en repli, à 254 000 tonnes, soit bien en dessous de ses capacités nominales et du seuil de rentabilité, qui est de 285 000 tonnes.
Le groupe Stora-Enso, qui est tout de même attentif aux prescriptions des pouvoirs publics, tant finlandais que français – l'ambassadeur de Finlande est lui-même engagé dans ce dossier, et je l'en ai remercié –, a missionné un cabinet destiné à examiner toutes les pistes pour le site de Corbehem, y compris les possibilités de reconversion.
Pour l'instant, je suis en mesure de vous indiquer, ainsi qu'aux salariés du site, que trois repreneurs sérieux ont été identifiés. Ils accèdent à ce que l'on appelle la « data room » dans laquelle sont disponibles les informations privilégiées, confidentielles, financières et industrielles de l'usine.
Dans ce cadre, nous avons l'intention de promouvoir une stratégie de reprise et de reconversion, y compris dans le domaine des papiers d'emballage. Cela a fonctionné pour M-Real à Alizay dans l'Eure, pour Stracel à Strasbourg, pourquoi pas à Corbehem ? Je crois, monsieur le député, que nous avons des atouts pour réussir ensemble.