Intervention de Lionel Tardy

Séance en hémicycle du 16 mai 2013 à 15h00
Interdiction des licenciements boursiers et des suppressions d'emplois abusives — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLionel Tardy :

Je ne peux que me désoler de l'absence totale d'empathie de représentants de la nation pour l'une des parties en présence dans ce dossier. Il n'y en a que pour les syndicats et les salariés : le texte ne comporte pas la moindre tentative de compréhension des contraintes et des positions de l'employeur ni la moindre volonté de chercher une solution qui puisse aller dans le sens d'un accord gagnant-gagnant.

La politique, c'est la gestion de la cité, la recherche de la meilleure solution, et non pas l'alignement inconditionnel derrière l'intérêt à court terme d'une catégorie particulière. Ce n'est pas ainsi que je conçois l'exercice du mandat parlementaire et de l'action politique.

Dans ce texte, le groupe communiste répète l'erreur habituelle de la gauche qui consiste à surprotéger ceux qui sont en place en jouant sur les peurs sans se préoccuper du coût d'une telle politique.

Cette position – cette posture, devrais-je dire – est la vraie raison du développement de la précarité en France. Oui, monsieur Chassaigne : c'est avec de telles propositions de loi qu'on crée de la précarité.

En surprotégeant ceux qui sont en place – que ce soit dans un emploi ou dans un logement –, en faisant en sorte qu'ils ne perdent pas leur place, on empêche ceux qui sont au dehors d'entrer. Quand on rigidifie excessivement le marché de l'emploi en empêchant les employeurs de licencier, on les empêche, de fait, d'embaucher : il est en effet si difficile de licencier que, lorsqu'il choisit d'embaucher, l'employeur ne prend aucun risque. Il en va de même pour le logement : il est tellement difficile d'expulser le locataire qui ne paie plus le loyer qu'on prend un luxe de précautions avant d'en faire entrer un nouveau. On laisse ainsi à la porte tout un public « à risque potentiel » à qui on ne donne pas sa chance !

Un tel texte est une machine à entretenir la défiance. Vous ne voyez la société qu'en termes de rivalités, de luttes, de malveillance. Le patron est forcément un voyou qui ne pense qu'à licencier pour s'en mettre plein les poches.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion