Intervention de Marie-Anne Chapdelaine

Séance en hémicycle du 16 mai 2013 à 9h30
Amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Anne Chapdelaine :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, quelques esprits chagrins ou mal intentionnés qualifient les jours présents de dramatiques et nous prédisent des jours à venir encore plus terribles. À ceux-ci, je voudrais rappeler sous quel climat idéologique nous avons vécu ces dernières années.

Les circonstances et le contexte économique, social et moral de ces dernières années ont conduit à une radicalisation des mouvements de protestations et de revendications. Par « dernières années », j'entends celles de la présidence de Nicolas Sarkozy. Nous sortons d'une présidence qui, durant des années, n'a eu de cesse de jeter l'opprobre : ici sur les étrangers, là sur les chômeurs ou encore sur les jeunes, les laïques, les grévistes, les journalistes, les magistrats ou les fonctionnaires. La liste pourrait malheureusement être plus longue.

À cette stigmatisation se joignaient souvent des politiques et des paroles de division : on opposait les Français les uns aux autres ; on stigmatisait une certaine partie de la population. Nous nous rappelons tous du « tous des profiteurs » à l'encontre des demandeurs d'emploi ou du « tous des délinquants » pour parler des jeunes et des enfants des quartiers, et nous pourrions citer bien d'autres exemples.

Mais ce qu'il importe de se souvenir et de se rappeler c'est qu'à chaque mot, à chaque blague douteuse, notre société perdait un peu plus en cohésion sociale et en sérénité. In fine, notre pacte républicain était menacé. À cela, les Français ont mis un terme très net il y a quelques mois, et c'est heureux. Il était temps que le climat social s'apaise, que le respect dû à chacun au titre de sa personne ou des responsabilités qu'il exerce préside à l'action et au langage politiques.

Les organisations syndicales sont une composante majeure du corps social. Leur force, leur capacité à agir et leur détermination garantissent une société juste et attentive aux plus fragiles d'entre nous. Elles sont les partenaires incontournables d'un dialogue social apaisé et enfin rénové, mais également et surtout le maillon fort de la politique de relèvement économique de notre pays.

Quel que soit son positionnement sur l'échelle sociale, quelle que soit la nature de ses responsabilités, il n'est de l'intérêt de personne de minimiser ou d'affaiblir l'engagement ou l'activité syndicale. Or ces dernières années, les syndicats ont été foulés aux pieds par la majorité de l'époque : accords de branches non respectés, consultations à l'emporte-pièce ou propos parfois insultants. L'exaspération des syndicalistes, de tous les syndicalistes, était légitime. De ce fait, des revendications syndicales se sont exprimées, débouchant parfois sur des actions aux frontières de la légalité. Nous pouvons les comprendre car à semer la discorde, à railler ceux qui agissent, en l'espèce pour l'intérêt général, il ne faut pas s'étonner de récolter la colère.

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