Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du 15 mai 2013 à 9h00
Commission des affaires économiques

Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d'investissement, BPI :

Nous ne sommes pas passés du jour au lendemain des structures nationales OSEO-CDC Entreprises à une banque interrégionale, BPI France. Le processus de coopération avec les conseils régionaux a commencé il y a quinze ans. J'ai fait publier un atlas des interventions de BPI France en région, qui synthétise nos actions conjointes avec les conseils régionaux, et le volume fait plusieurs centaines de pages. Il est aux mains des vingt-deux présidents de conseil régional, qui se rendent compte que certaines régions sont plus actives que d'autres, en particulier la région d'Île-de-France. Concrètement, les agents de BPI France, qui sont jeunes, parlent à d'autres jeunes qui travaillent pour le conseil régional et ils prennent ensemble des décisions sur les fonds communs d'innovation, de garantie et de financement par échanges de courriels, sans avoir à réunir de comité.

Les 86 fonds dans lesquels nous nous sommes investis, tous des fonds communs de placement à risque, sont gérés par des sociétés de gestion privées. Leurs comités d'investissement sont composés de professionnels agréés par l'AMF, où la BPI et les conseils régionaux sont représentés à différents niveaux. Il n'y a pas de comité d'engagement « coupole » dirigé par de grands politiques qui imposeraient leur décision sur tel ou tel dossier. Aucun d'eux n'en a même l'envie et je n'ai pas d'inquiétude à ce sujet.

Dans le domaine de l'immobilier d'entreprise, OSEO intervient massivement et occupe probablement 15 % du marché, du fait de la position héritée du Crédit hôtelier dans l'hôtellerie et du tourisme. En ce moment, la concurrence sur les taux est très forte et nous perdons un peu de parts de marché, ce qui n'est pas plus mal.

Vous citez, monsieur Benoit, des cas particuliers, où il faut mobiliser 10 millions d'euros d'un seul coup. Ce sont donc des engagements élevés, forcément plus complexes, et il faut plus de temps pour les analyser, mais je regarderai votre dossier.

Nous allons lancer une campagne de communication à partir du 4 juin au matin, dimensionnée selon nos moyens, frugaux. Elle se fera essentiellement par Internet et par des encarts dans la presse quotidienne régionale.

La transparence sur les taux de préfinancement du CICE ne nous pose pas de problème. Les entreprises sont classées en cinq catégories, selon leur niveau de risque, d'où découle le taux qui est de 2,9 % pour les plus sûres. On ne peut pas faire une pareille offre, ne serait-ce que pour ne pas accorder une aide d'Etat, à une entreprise qui connaît de graves difficultés. Les frais de dossier sont de 150 euros pour le CICE.

La coopération entre la BPI et les banques territoriales est constante. Les banques privées et mutualistes sont aujourd'hui actionnaires d'OSEO comme elles le seront demain de BPI France. Au conseil d'administration de BPI France Financement siègent six ou sept censeurs, sans droit de vote, qui représentent les banques de la place. Nous avons un partenariat poussé dans chacune des régions.

Sur le « bon » et le « mauvais business », sachez que je viens de passer neuf ans à développer une entreprise française à l'international. Il m'a fallu un peu de temps pour changer de langue et je m'en excuse. Dans ce cas particulier, je me suis fait piéger dans le cadre d'une conversation strictement privée. Cela ne se reproduira pas et je rentre au bercail linguistique avec plaisir.

Les mesures dérogatoires visent le cas d'une entreprise française, opérant dans un secteur d'avenir, au capital de laquelle se trouveraient le FSI et deux ou trois fonds d'investissement qui voudraient en sortir. En vertu de la doctrine actuelle, le FSI serait obligé de les suivre, et si l'entreprise était vendue à un étranger, ce serait un crève-coeur. Alors, dans de telles conditions, on pourrait imaginer de prendre le contrôle de l'entreprise, le temps de reconstituer un tour de table, avant de redevenir minoritaire. Ce cas de figure est tellement rare qu'il faudra une décision spécifique du conseil d'administration de BPI France, après un débat entre les deux actionnaires, l'État et la Caisse des dépôts.

Venons-en à ma rémunération. J'ai été nommé en Conseil des ministres le 17 octobre, dix jours après l'appel téléphonique de M. Emmanuel Macron qui m'a proposé le poste et le salaire qui allait avec. Je n'ai rien négocié ; on m'a demandé de prendre le poste, avec un salaire de 450 000 euros, le salaire maximum des entreprises publiques. Et j'ai dit oui. Les salaires du comité de direction sont parfaitement en ligne avec ceux du secteur public, en particulier des autres banques publiques que sont la Caisse des dépôts et La Banque postale.

Clarifions aussi une bonne fois pour toutes le débat sur les locaux et le logo. Nous allons rassembler les effectifs qui travaillent pour CDC Entreprises, FSI et OSEO Île-de-France, et qui sont en contact avec les clients dans un lieu unique, où ils se mélangeront pour devenir des personnels BPI. Aujourd'hui, ils ont un comportement purement tribal. Au passage, nous économiserons 1,5 million d'euros de loyer par an. Le loyer est de 376 euros par mètre carré, soit un niveau parfaitement raisonnable. Il intègre le coût non pas de l'embellissement, mais de la pose de cloisons, car il n'y a pour le moment que des plateaux vides. Au total, l'opération se solde par une économie de 5 millions d'euros pour les quatre ans qui viennent et permettra de réunir des gens qui ne se parlaient pas. Le débat d'envergure nationale porte donc sur un local abritant 300 personnes, alors qu'au siège de BPI France, à Maisons-Alfort, il y aura 1 000 personnes. Et c'est là que sera inaugurée BPI Île-de-France, le 18 juin, en présence de M. Jean-Paul Huchon et, normalement, du Premier ministre.

Pour le logo, nous avons lancé un appel d'offres qui a donné lieu à trente-cinq réponses. Nous en avons retenu trois, portant sur l'architecture de marque, qui s'échelonnaient entre 279 800 euros, celle qui a été retenue, et 300 000 euros pour Havas. Ce sont les prix du marché, sachant que le logo seul vaut 70 000 euros. La décision de remplacer la marque OSEO, qui est très connue, par la marque BPI France est une décision structurante. C'est une bonne décision, qui a été bien accueillie par les salariés d'OSEO. Nous nous rallierons avec fierté à ce beau logo à partir du 3 juin.

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