Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, notre précédente séance était consacrée à l'emploi, et nous débattons aujourd'hui du logement. Finalement, c'est le même débat : celui de l'accès aux droits les plus fondamentaux. Comme l'a montré avec talent notre excellente rapporteure Audrey Linkenheld, les deux sont liés.
Comment ne pas vous parler de cette femme rencontrée hier dans ma circonscription : 56 ans, auxiliaire de vie dans une maison de retraite, usée physiquement par son travail, quatre enfants de 18 ans, 24 ans, 27 ans et 30 ans – dont trois au chômage ! Elle me disait l'angoisse de la prochaine retraite de son mari : avec 300 euros de moins, comment payer son loyer ? Elle me disait : « comment voulez-vous que mes enfants puissent faire leur vie sans emploi ni logement ? » Et encore : « À quoi bon vivre, si c'est pour passer sa vie à survivre ? »
Trois millions de chômeurs, 3,6 millions de mal-logés, voilà les deux urgences du pays, qui constituent les deux priorités du Gouvernement. Il y a quinze jours, j'ai parlé, à propos de la politique de l'emploi, d'un véritable changement d'échelle, en évoquant les 650 000 emplois d'avenir et contrats de générations, venant s'ajouter aux 400 000 emplois existants.
C'est la même ambition qui nous anime en matière de logement : nous ne voulons pas simplement changer de politique, nous voulons changer la donne ! À cet effet, le cap fixé par le Président de la République est clair : construire plus, construire plus durable, construire plus social.
Tout d'abord, construire plus. À 500 000 logements par an, l'ambition est haute, elle est essentielle. Le nerf de la guerre pour y parvenir, c'est le foncier. Je veux saluer l'audace qu'a eue François Hollande lorsqu'il a promis une libération sans précédent du foncier, allant jusqu'à la gratuité du foncier public. Et je me réjouis que trois mois après son élection, un engagement de plus soit tenu, grâce au texte que nous examinons.
Ensuite, construire plus durable. Là encore, prenons la mesure de ce qui est proposé : un million de logements isolés par an, c'est cinq fois plus qu'actuellement. Nous développerons aussi le solaire, l'éolien, les matériaux et les techniques de construction écologiques. L'enjeu, c'est la mutation de nos modes de production et de consommation, c'est aussi un vivier considérable d'emplois pour l'avenir.
Enfin, construire plus social constitue la troisième pierre angulaire – c'est le cas de le dire, quand nous parlons de construction – de notre politique du logement. J'ai entendu tout à l'heure les leçons du professeur Daubresse. Notre collègue a une très grande qualité, il parle très bien de lui. Mais il a aussi un défaut : il ne parle que de lui ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)