Je ne prétends pas arriver à la présidence du conseil d'administration de l'INPES, si ma nomination y est confirmée, avec en tête des orientations, encore moins des décisions, à imposer à ceux avec qui j'aurai à travailler. C'est avec bonheur que j'accéderai à cette présidence mais l'INPES est doté d'un conseil scientifique et d'une direction générale, dont le talent des équipes est reconnu. Mon rôle sera de créer les liens nécessaires entre les différents partenaires pour que l'institut remplisse au mieux ses missions. Je ne prétends pas être celui qui saurait tout et viendrait apporter des réponses à des professionnels travaillant sur ces sujets depuis des années.
Je ne peux que souscrire à l'objectif de rendre les actions de l'INPES plus visibles, plus lisibles et plus cohérentes, comme vous le souhaitez tous. Cela étant, l'INPES n'est pas le seul opérateur de la prévention sanitaire. En région, les IREPS, qui ont repris le rôle des comités départementaux et des comités régionaux d'éducation pour la santé, mènent une action essentielle au plus près des territoires. Les pôles de compétences constitués également en région sont les lieux de rencontre des différents opérateurs. Les actions de prévention, d'éducation à la santé et de promotion de la santé doivent être conduites par chacun avec sa sensibilité propre. À l'INPES de fournir les conseils techniques et l'assistance nécessaires, et de mutualiser les savoirs et les savoir-faire. Il produit une littérature abondante et de très grande qualité. Il est important que cette documentation soit accessible et largement diffusée. L'INPES s'y emploie d'ores et déjà, je n'en doute pas. Je m'y m'attacherai également avec les équipes en place.
On ne peut pas communiquer sur tout par les mêmes canaux. Et il ne faut d'ailleurs pas confondre le vecteur qui est l'information avec la mission qui est la prévention ou l'éducation. Il faut savoir utiliser dans chaque cas le canal le plus approprié.
Rappelant que l'INPES avait un devoir de protection sanitaire auprès des populations, je disais la nécessité de rappeler certains fondamentaux, ne fussent-ils pas très « sexy », comme la prophylaxie, la vaccination et l'hygiène, autant de points sur lesquels notre pays s'est par le passé distingué. L'INPES n'a toutefois pas le monopole de l'action en ces domaines.
C'est seulement lorsque j'aurai rencontré les membres du conseil d'administration et commencé de travailler avec eux que je pourrai répondre plus précisément à certaines de vos questions, notamment sur les voies les plus adaptées pour évaluer l'impact qualitatif des campagnes de prévention. Nous maîtrisons moins bien en France qu'en Amérique du Nord par exemple les moyens de mesurer si une campagne a contribué à modifier les comportements de ceux à qui elle s'adressait. Si nous disposons d'études approfondies et de qualité en santé publique, nous sommes moins avancés en prévention.
Je n'ai pas de savoir-faire particulier en matière de communication ni de méthodologie d'évaluation. Soyez en revanche assurés que j'ai la ferme volonté qu'on s'assure à l'INPES de bien avoir recours aux méthodes les plus adaptées.
Le budget de l'INPES avoisine 110 millions d'euros. Comme tous les opérateurs, il doit maîtriser ses charges et ses coûts, afin de ne pas dépasser l'enveloppe budgétaire qui lui est allouée. Il est de la mission de ses gestionnaires d'optimiser les moyens de façon à faire aussi bien, sinon mieux, avec moins, ce qui suppose inévitablement des arbitrages.
Alors directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation d'Alsace, j'avais eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises votre ancien collègue Yves Bur lorsqu'il travaillait à son rapport sur les agences sanitaires. Je pourrai me forger une meilleure idée du devenir de l'INPES par rapport aux autres agences, une fois connues les conclusions du rapport commun de l'inspection générale des finances et de l'inspection générale des affaires sociales. Je suis à l'écoute des équipes de l'INPES et bien sûr des instructions de l'autorité de tutelle. Il serait aujourd'hui prétentieux de ma part de dire autre chose.
C'est bien à l'INPES qu'il appartient de promouvoir sur l'ensemble du territoire les actions locales qui ont fait la preuve de leur efficacité. Je suis comme vous convaincu qu'il faut aller s'adresser aux publics là où ils sont pour agir efficacement. Si quelqu'un est aujourd'hui en mesure de demander à un jeune adolescent de rentrer sa chemise dans son pantalon, ce n'est pas l'enseignant à l'école, pas nécessairement le parent à la maison, mais beaucoup plus sûrement, l'entraîneur au club de sport. C'est une image pour dire qu'il nous faut partout chercher les relais les plus efficaces et qu'il nous faut convaincre le milieu éducatif et sportif d'être nos porte-parole.
Je ne terminerai pas, madame la présidente, sans répondre à votre première question. Soyez rassurée : je n'avais pas « besoin » du laboratoire Bristol-Myers Squibb. En 2009, celui-ci m'a sollicité pour organiser un colloque sur les territoires de santé et la territorialisation, sujet alors d'une brûlante actualité, parce que j'avais particulièrement soigné cette dimension de l'organisation sanitaire en Alsace, parce que j'avais quelques années plus tôt suivi l'enseignement de l'institut des hautes études de développement et d'aménagement des territoires en Europe et que l'on a estimé que je pouvais utilement faire partager les savoirs que j'avais ainsi acquis. J'ai eu la faiblesse d'accepter cette proposition. Ma participation s'est limitée à une journée de réflexion avec des professionnels de santé sur ces sujets.