Intervention de Jean Glavany

Réunion du 14 mai 2013 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Glavany :

Des trois pays concernés par les « révolutions arabes », l'Egypte, la Libye et la Tunisie, la Libye présente le moins de problèmes économiques. Elle bénéficie d'une rente pétrolière conséquente pour une population peu nombreuse – environ 6,5 millions de personnes.

En revanche, la mort de Kadhafi a vu la disparition du peu d'Etat qui existait dans ce pays. Toutes les institutions, notamment l'armée, la police et la justice, étant personnellement liées à Kadhafi, se sont effondrées. Le pouvoir politique actuel est confronté à une véritable désintégration de l'appareil d'Etat.

Le premier problème qui en résulte est sécuritaire. Il n'y a ni armée, ni police, mais beaucoup d'armes circulent. Il règne une anarchie potentiellement violente, qui se manifeste par la présence des katibas évoquées par Jacques Myard. Ces bandes armées, qui relèvent à la fois d'une logique milicienne, mais qui s'inscrivent aussi dans la tradition tribale de la Libye, se partagent le territoire, parfois par quartiers en zone urbaine. Ces groupes surarmés sont capables de mener des coups de poing à tout moment. Pour reconstruire une armée, le pouvoir politique a demandé à un certain nombre de katibas de déléguer chacune quelques centaines d'hommes, mais sans obtenir de véritable résultat concret sur le terrain, pour le moment.

Par la loi d'exclusion ou d'isolement politique – les deux termes sont employés –, les révolutionnaires libyens voudraient aller débusquer dans ce qui reste des ministères les responsables compromis avec le pouvoir précédent. Le principe de cette épuration fait l'objet d'un consensus, mais son application suscite bien des inquiétudes, notamment au sein des organisations internationales et des ONG.

Le contraste entre l'attentat commis le matin de notre départ et tout ce que nous avons entendu sur place est effectivement stupéfiant. Malgré les préoccupations des autorités libyennes en matière de sécurité, il y avait une sorte de consensus entre les chefs d'entreprise et nos diplomates dans leur demande de rétablissement du vol d'Air France et d'évolution des « conseils aux voyageurs ». Cette inconscience du risque potentiel se traduisait jusque dans l'installation de la chancellerie dans une rue étroite, très difficile à garder et très exposée. L'attentat a tragiquement servi de rappel à la réalité.

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