Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 14 mai 2013 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Je voudrais ajouter quelques mots sur mes rencontres avec le Premier ministre, Ali Larayedh, et le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Houcine Abassi.

Le risque est de voir Ennahda remporter à la fois les élections présidentielles et les élections législatives, après l'adoption de la Constitution. Le parti est certes fragilisé par les événements du djebel Chaambi, car il est très exposé aux accusations de laissez-faire. Comment toutes ces mines, qui ont blessé une quinzaine de personnes, ont-elles pu être posées ? Le Premier ministre actuel était alors ministre de l'Intérieur. En outre, bien qu'il récuse incontestablement la violence, le parti Ennahda ne parvient pas à condamner clairement les salafistes, ce qui le rend certainement beaucoup moins populaire qu'avant.

Le problème est lié à l'émiettement considérable du paysage politique en face d'Ennahda. Même si des représentants de petits partis démocratiques ont déclaré leur intention de s'unir, le risque est qu'il y ait pléthore de candidats à l'élection présidentielle, notamment M. Marzouki, M. Ben Jafaar, M. Essebsi ou encore M. Chebbi, ce qui favoriserait Ennahda. L'ancien Premier ministre, Hamadi Jebali, qui a acquis une certaine stature depuis qu'il a pris ses distances avec son propre parti, pourrait l'emporter. Dans ces conditions, le maintien de la troïka présente une certaine cohérence.

L'UGTT est une force considérable dans ce paysage. Elle a fait descendre un million de personnes dans la rue, sur dix millions d'habitants, après l'assassinat de Chokri Belaïd. Le secrétaire général de l'UGTT m'a dit que ses priorités étaient l'organisation des élections et la sécurité du pays. Ce sont pour lui deux conditions préalables, qui viennent avant les revendications sociales et économiques, pourtant très fortes aujourd'hui. Je ne sais pas si l'on pourrait imaginer des représentants syndicaux tenir de telles positions dans d'autres pays.

Comme vous l'avez souligné, la société civile est très vivante en Tunisie. Elle a pourtant besoin d'être soutenue. Parmi les initiatives envisageables, on pourrait essayer d'instaurer un forum pour les pays en transition démocratique. Il s'agirait d'organiser des rencontres et des échanges entre représentants de la société civile et parlementaires. Il avait été question d'organiser une conférence sur la sécurité en Méditerranée, à l'image de celle qui avait constituée en Europe à l'époque de la guerre froide. Je crois que nous aurions intérêt à nous inspirer de cette idée, à condition bien sûr de ne pas en rester à des incantations.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion