Intervention de Elisabeth Laurin

Réunion du 15 mai 2013 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Elisabeth Laurin :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie de votre invitation à présenter les résultats de cette visite d'Etat du Président de la République en Chine, effectuée en Chine les 25 et 26 avril 2013 qui a donné à la relation bilatérale une nouvelle dynamique.

Comme vous l'avez souligné, le Président de la République est le premier chef d'Etat étranger à avoir été reçu à Pékin en visite d'Etat par la nouvelle équipe. C'est un signe important du souhait des autorités chinoises de donner un nouvel élan au partenariat avec la France et, par son intermédiaire, au partenariat euro-chinois. Le Président de la République a eu plusieurs heures d'entretien avec son homologue. Les chefs d'Etat ont affirmé leur volonté d'une relation bilatérale stable, équilibrée et tournée vers le long terme. Les deux chefs d'Etat ont clôturé ensemble le forum d'affaire qui s'est tenu à Pékin en marge de la visite d'Etat, fait inédit pour un chef d'Etat chinois.

Cette visite était l'occasion de fixer à la fois le cadre et le rythme de la relation bilatérale pour les années à venir. Elle a aussi été l'occasion de l'inscrire dans la durée. Les chefs d'Etat sont convenus de faire de l'année 2014 un temps fort pour le partenariat global stratégique franco-chinois, avec les célébrations du cinquantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques.

Cette visite d'Etat a permis à la relation bilatérale de progresser dans trois directions principales.

En premier lieu, il s'agissait d'acter le renforcement du partenariat global stratégique, cadre de la relation bilatérale. La Chine et la France, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et du G20 notamment, souhaitent renforcer leur concertation sur les grandes questions internationales (crises régionales, notamment la situation au Mali sur laquelle la Chine a réaffirmé son soutien, crises de prolifération) et globales (G20, développement, climat en perspective de la conférence de 2015). Nous avons des désaccords de fond sur certains dossiers (Syrie), mais qui n'ont pas d'impact sur la qualité de la relation et c'est une réalité que la Chine souhaite aujourd'hui endosser une plus grande responsabilité et que nous devons l'y encourager.

Sur le plan de l'architecture du dialogue politique, le principe d'une rencontre annuelle entre les deux chefs d'Etat a été décidé. La visite d'Etat a réaffirmé le rôle du dialogue stratégique, ainsi que des échanges plus réguliers entre ministres des affaires étrangères pour le suivi et la coordination de la relation bilatérale. Les chefs d'Etat ont décidé la création d'un dialogue économique et financier de haut niveau, qui sera conduit par le ministre de l'Economie et des Finances et le vice-Premier ministre chinois en charge de ces questions. Notre dialogue politique avec la Chine a une vocation globale. Il inclut tous les sujets, y compris les plus sensibles. Les droits de l'Homme font partie de ce dialogue.

La visite d'Etat a permis de franchir d'importantes étapes sur nos principaux partenariats dits « structurants ». Concernant le nucléaire civil, l'année 2013 marque le 30ème anniversaire de notre coopération. La construction de deux EPR à Taishan se poursuit de manière satisfaisante et devrait être achevée en 2015. Nous souhaitons un partenariat global couvrant l'amont (entrée de la Chine au capital de la mine d'Imouraren au Niger en cours de discussion), l'aval (construction d'une usine de retraitement-recyclage du combustible usé) et les réacteurs (deux EPR supplémentaires à Taishan et développement d'un nouveau réacteur franco-chinois de 3ème génération). Les chefs d'Etat ont par ailleurs décidé de faire de la sûreté nucléaire le quatrième volet du partenariat global dans ce domaine. Concernant l'aéronautique, la visite d'Etat a permis la validation d'une commande de 60 appareils Airbus, dont 18 long-courriers A330. Airbus dispose aujourd'hui de 49% du marché des monocouloirs. Les négociations pour la prolongation de la chaîne d'assemblage d'A320 de Tianjin au-delà de 2015 sont en cours. Nous souhaitons une approche globale et équilibrée du développement de ce partenariat industriel.

En deuxième lieu, la visite d'Etat s'inscrivait dans notre souhait d'évoluer vers un rééquilibrage de notre relation économique. Notre relation économique est dynamique (plus de 10 000 entreprises françaises exportent vers la Chine, 2 200 y sont implantées et emploient 500 000 personnes, notre stock d'investissements y est de 13 milliards d'euros. Mais elle est aussi fortement déséquilibrée : 26,1 milliards d'euros, soit près de 40% de notre déficit extérieur total. Notre part de marché en Chine est de 1,23% alors que celle de l'Allemagne est de 5,33%. Il convient donc de travailler au rééquilibrage de ces relations en renforçant nos partenariats industriels.

Lors de la visite, les Chefs d'Etat ont ouvert de nouveaux champs de coopération : l'agro-alimentaire, la santé, le développement urbain durable et le numérique. Dans chacun de ces domaines, des accords et contrats ont été signés. Le forum d'affaires que le Président de la République a clôturé avec le Président Xi a permis de souligner l'importance de ces secteurs. Le Président de la République a indiqué que les investissements chinois créateurs d'emplois et de croissance étaient les bienvenus en France.

Le Président de la République a insisté sur la nécessité de la réciprocité et notre volonté de rééquilibrer par le haut notre relation économique et commerciale. Les Chinois sont ouverts à ce rééquilibrage. Des efforts doivent encore être fournis s'agissant des questions d'ouverture des marchés publics, d'ouverture aux investissements étrangers et de protection de la propriété intellectuelle. Les Chinois souhaitent aussi que nous adaptions notre offre avec des produits à plus fort contenu technologique.

Enfin, la visite a permis d'avancer sur la voie du renforcement des échanges humains entre nos deux sociétés. Ce renforcement s'effectue notamment au travers de celui de la coopération universitaire (35 000 étudiants chinois en France, près de 7000 étudiants français en Chine), des échanges touristiques (1,3 million de touristes chinois en France chaque année), culturels et scientifiques. C'est notamment dans cette perspective que plusieurs mesures ont été prises dans le domaine des visas : renforcement des effectifs des services des visas dans notre réseau consulaire en Chine, instructions relatives à la délivrance de visas de circulation, amélioration de l'accueil et de la sécurité des touristes chinois.

Le cinquantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques en 2014 sera l'occasion de décliner l'ensemble de ces priorités, au travers des échéances politiques et des événements, notamment culturels, organisés dans ce cadre. Nous souhaitons en particulier mettre l'accent sur l'attractivité de la France, notamment vis-à-vis des étudiants, touristes, chercheurs et investisseurs potentiels.

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