J'ai suivi avec intérêt les résultats de cette rencontre, monsieur Apparu. Nous n'avons jamais été défavorables à l'apprentissage, qui doit être une voie d'excellence et non de relégation – comme c'est trop souvent le cas en France. Ce que nous remettons en cause, c'est le moment à partir duquel peuvent débuter l'apprentissage et son statut, sachant que nous entendons maintenir un pré-apprentissage sous statut scolaire. Surtout, nous voulons éviter que l'orientation ne s'opère davantage sur des critères sociaux que sur des critères intellectuels. C'est pourquoi nous avons refusé une orientation précoce, c'est-à-dire avant la fin de la scolarité obligatoire – ou avant la sortie de ce que j'appellerai l'école couverte par le socle.
Vous invoquez le modèle allemand, mais les Allemands sont justement en train de revenir – tout au moins dans certains Länder – sur leurs pratiques en matière d'apprentissage et d'orientation précoce. Ils réalisent que cette dernière va à l'encontre de l'égalité des chances, et conduit à l'échec un certain nombre d'élèves qui ne peuvent plus revenir dans un système leur permettant d'acquérir le socle commun de compétences et de culture. Je pourrais du reste vous citer d'autres pays, notamment les pays nordiques, où l'orientation précoce est bannie. Les travaux de Mme Nathalie Mons démontrent en effet que celle-ci pénalise toujours les enfants des mêmes catégories sociales.
Enfin, sachez qu'un rapport de la Cour des comptes a mis en évidence la nocivité d'une orientation précoce. Nous avons d'ailleurs reçu ici même le président de la troisième chambre, à qui avait été confié ce rapport. Je maintiens donc mon avis défavorable à ces amendements.