Intervention de Virginie Duby-Muller

Séance en hémicycle du 22 mai 2013 à 21h30
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVirginie Duby-Muller :

Même si vous avez évoqué la fixation de ces quotas dans la concertation, vous n’avez pas réussi à calmer la colère des directeurs et présidents d’IUT, en grève jeudi dernier. La préservation des IUT n’était-elle pas, pourtant, une promesse de campagne de votre candidat ? Concernant la nouvelle gouvernance des universités, elle semble provenir de l’organisation délibérée d’un face-à-face entre deux instances, un conseil académique pléthorique que vous créez, et le conseil d’administration. Cette université bicéphale semble vouée à paralyser et bloquer le système. Il ne peut y avoir qu’une autorité décisionnelle, le président et son conseil d’administration, sauf à vouloir la mort d’un système, au point que certains ont évoqué un projet mortifère pour l’enseignement supérieur, ou des universités transformées en navire ingouvernable, voire en bateau ivre. Continuons de détailler le détricotage : que deviendront les pôles de recherche et d’enseignement supérieur – PRES –, qui avaient pourtant été créés pour constituer des champions de la formation et de la recherche ? Vous les supprimez, madame la ministre, pour les remplacer par des communautés d’université et d’établissement, dans une logique territorialisée qui risque de se transformer en regroupements forcés, au mépris de l’autonomie des établissements et de leur rayonnement, lequel doit être national et international. Certains grands organismes de recherche, que vous connaissez, m’ont fait part de leurs inquiétudes à ce propos. Enfin, vous détricotez le dispositif d’évaluation : l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement – l’AERES – reconnaissait elle-même qu’elle devait améliorer ses procédures. Mais votre condamnation est sans appel, et répond à une commande politique. Comment oser dire que cela ne marchait pas, que l’évaluation n’était pas faite par les pairs, alors que l’AERES faisait appel à des scientifiques reconnus, français et étrangers, et même à des prix Nobel ? Elle était accréditée au niveau européen. Quelle régression, et quelle image désastreuse en Europe, où nous serons isolés ! Madame la ministre, malgré de longs débats préliminaires, votre projet de loi manque d’ambition, d’audace et de souffle. Il déçoit, alors que, comme l’écrit Valérie Pécresse, nous aurions dû avoir un acte II de la réforme des universités. Il fait ainsi plus de mécontents que d’heureux. Finalement, comme cela a déjà été le cas avec la loi pour la refondation de l’école, votre texte est un exercice raté, avec la même méthode – quantité versus qualité – d’où un nivellement vers le bas. L’enseignement supérieur et la recherche sont pourtant des outils stratégiques de notre développement économique. Leur développement et leur excellence sont les meilleurs vecteurs pour attirer les talents étrangers. Nier la compétitivité internationale qui nous entoure, mettre des freins à la marche vers l’excellence de nos universités et de nos écoles, que la précédente majorité avait voulu initier, c’est saborder l’avenir de notre pays et de nos enfants. A l’UMP, nous pensons que relancer la croissance et l’emploi passe par une université forte et attractive. Votre réforme la fragilise et la déstabilise, alors qu’elle aurait dû au contraire l’aider à franchir une nouvelle étape. (Applaudissements sur les bancs du groupe U MP.)

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