Je confirme qu'une plainte a été déposée, à notre demande, par la rectrice de l'université de Toulon, puis par le recteur de l'université de Béziers, deux villes où cette université, désormais nommée « pôle universitaire Fernando Pessoa », s'est installée à quatre mois d'intervalle.
Celle-ci prodigue principalement des enseignements dans les domaines médical et paramédical, profitant du désarroi des étudiants qui ont échoué à la première année commune des études de santé. Raison de plus pour lancer des expérimentations en vue d'une évolution de la PACES, dont le fonctionnement demeure insatisfaisant.
Le coût de ces formations se situe entre 9 500 et 10 000 euros, avec des coûts additionnels correspondant à des services optionnels. Le service d'accréditation du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche portugais n'a pas agréé cette université pour les formations qu'elle prodigue à l'étranger. Du reste, en Italie, Francesco Profumo, ministre de l'instruction, des universités et de la recherche du gouvernement Monti, a déposé une plainte similaire.
Nous nous trouvons donc face à ce qui ressemble furieusement à une escroquerie, qualification que le procureur de Béziers, d'ailleurs, a retenue. L'installation de cette université a pourtant été soutenue par la ville de Béziers, et le maire s'en prévaut. Il s'agit bien d'une arnaque – pardonnez-moi, je ne trouve pas d'autres termes –, qui s'appuie sur le désarroi des familles et des étudiants qui se retrouvent en deuil de vocation à la suite de leur échec à l'issue de la PACES.
Dans ce type de procédure, il faut être extrêmement ferme. Il convient de mettre fin à ces velléités au niveau européen – mon homologue italien et moi-même avons prévenu tous nos collègues.
Mais il ne faut pas éluder le problème et ignorer ses causes. Comme je l'ai évoqué en commission, nous avons lancé avec Marisol Touraine une réflexion en ce sens, afin d'adapter les formations des professions de santé à l'évolution des pathologies et de la façon de les traiter : maintien à domicile, télémédecine, e-médecine, dossiers patients sécurisés, diagnostics en réseau à partir de plateformes. Le métier et les missions de beaucoup de professionnels de santé connaîtront des changements ; il faudra que les formations s'y adaptent. C'est bien le rôle du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, avec le ministère thématique – celui de la santé dans ce cas – que d'anticiper cette évolution.
Ce point était un peu long, mais il était nécessaire d'être complet sur la question. J'ai une dernière raison d'en vouloir à cette université : elle a usurpé le nom d'un formidable poète et écrivain portugais. Un crime de plus à son actif !